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Disparition forcée de MM Léon Bangiricenge et Rémy Ndagijimana.

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DECLARATION DU FOCODE n° 026/2017  du 30 septembre 2017

« Les autorités burundaises doivent faire la lumière sur la disparition forcée de Messieurs Léon BANGIRICENGE et Rémy NDAGIJIMANA, deux militants du parti d’opposition MSD, enlevés  et portés disparus respectivement les 23 et 25 avril 2017».

Burundi : Les disparitions forcées continuent en 2017 ! 

Dans le cadre de sa « Campagne NDONDEZA contre les disparitions forcées au Burundi », le FOCODE a recueilli des informations et des témoignages sur la disparition forcée de deux militants du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie, MSD en sigle, Messieurs Léon BANGIRICENGE et Rémy NDAGIJIMANA introuvables depuis leurs arrestations  respectivement survenues les 23 et 25 avril 2017». A deux jours d’intervalle, les deux militants auraient été enlevés par l’officier du renseignement Joseph Mathias NIYONZIMA alias « Kazungu » et auraient transité par un cachot au Bar Iwabo w’Abantu à Kamenge avant de finir dans un autre lieu secret de détention dans le quartier Kajaga.

Ce dossier de la Campagne NDONDEZA met un accent particulier sur la répression aveugle qui s’abat sur les membres de l’opposition politique burundaise en général et particulièrement sur les militants du parti de l’opposition Mouvement pour la Solidarité et le Développement, MSD en sigle. Comme dans la quasi-totalité des cas documentés par la Campagne NDONDEZA, aucune action n’a été menée par les autorités burundaises, y compris la police et la justice, pour retrouver les deux militants portés disparus.

A. Identité des victimes

A.1. Léon BANGIRICENGE

  1. Fils de Joseph COMANZI et d’Agnès NYIRABAZUNGU, Léon BANGIRICENGE est né en 1962 sur la colline Buberwa de la Commune et Province KAYANZA, au Nord du Burundi. Marié et père de quatre (4) enfants, Léon BANGIRICENGE résidait, au moment de sa disparition forcée,  en zone Kamenge de la Commune urbaine Ntahangwa au nord de la ville de Bujumbura. Il était commerçant ;
  1. Léon BANGIRICENGE est un frère de Charles NZEYIMANA, un autre militant et ancien président du parti MSD en Mairie de Bujumbura arrêté et emprisonné depuis le 08 mars 2014. Charles NZEYIMANA s’est évadé de la Prison de Rutana en date 13 avril 2017[1], soit moins de deux semaines avant la disparition forcée de son frère Léon BANGIRICENGE ;
  1. Léon BANGIRICENGE avait reçu des menaces depuis 2015. Entre septembre et novembre 2015, il avait même pris le chemin de l’exil. Craignant la perte de ses affaires, il s’était finalement résolu à rentrer au pays.

A.2. Rémy NDAGIJIMANA

  1. Fils de Mathieu NAHIMANA et de Madeleine MPAWENAYO, Rémy NDAGIJIMANA est né en 1983 à Muyaga, zone Muyira en Commune Kanyosha de la Province Bujumbura (dit rural). Rémy NDAGIJIMANA exerçait la fonction de chauffeur ; il avait même été le chauffeur de son parti, le MSD. Marié, il est père d’un enfant de trois ans et il a laissé une grossesse de 4 mois au moment de sa disparition forcée. Sa famille réside à Muyaga, tout près de Sororezo dans la même commune de Kanyosha ;

B. Affiliation et activités politiques des victimes

  1. Messieurs Léon BANGIRICENGE et Rémy NDAGIJIMANA étaient tous les deux membres du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie MSD, un parti de l’opposition dirigé par Alexis SINDUHIJE. Comme nombre des militants de leur parti, ils ont participé aux manifestations contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA. Rémy NDAGIJIMANA avait par ailleurs été employé comme chauffeur à la permanence nationale du parti ;
  1. Le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD) est l’un des partis politiques qui se sont activement opposés contre le troisième mandat du Président NKURUNZIZA. En conséquence, les membres du MSD ont été particulièrement ciblés par la répression en cours au Burundi depuis avril 2015. Un nombre important des membres de ce parti étaient déjà en prison depuis le 08 mars 2014[2]. Depuis avril 2015, beaucoup de militants ou de sympathisants du MSD ont été victimes d’arrestations arbitraires, tortures, exécutions extra-judiciaires, assassinats, disparitions forcées ;

C. De la répression aveugle qui s’abat sur les militants du MSD

  1. Sur une quarantaine de cas de disparitions forcées déjà documentés par le FOCODE dans le cadre de sa « Campagne Ndondeza »  contre les disparitions forcées au Burundi lancée depuis  2016, au moins dix cas concernent les membres du Parti MSD. Citons à titre illustratif :

a. Disparition forcée de Bernard BARANJOREJE, chargé de la mobilisation des jeunes en Marie de Bujumbura introuvable depuis son enlèvement par des éléments du Service National de Renseignement SNR, le 19 janvier 2016[3],

b. Disparition forcée de Messieurs Emmanuel KAMANA et Clovis NTUKAMAZINA, deux militants du parti MSD, dans la zone urbaine de Musaga introuvables depuis leur arrestation par le commissaire Désiré UWAMAHORO le 21 octobre 2015 à Kinindo[4],

c. Disparition forcée de Monsieur Eric NIYUNGEKO, président du parti MSD dans la commune Buhiga de la province Karusi introuvable depuis son arrestation par l’officier du renseignement Gérard NDAYISENGA, le 31 octobre 2015 à Kamenge[5],

d. Disparition forcée de Belyse NTAKARUTIMANA, membre du parti MSD à Mutakura introuvable depuis son arrestation par le Capitaine Prudent NTEZIMANA le 16 janvier 2016 à Mutakura[6],

e. Enlèvement suivi d’exécution extra-judiciaire de Charlotte UMURWANEZA, une des responsables du parti MSD dans la Commune urbaine de Cibitoke, le 16 octobre 2015[7],

f. Disparition forcée d’Alexis NKUNZIMANA, membre du parti MSD à Mutakura introuvable depuis son enlèvement par des éléments de la garde présidentielle (API) le 07 décembre 2015 au centre-ville de Bujumbura[8],

g. Disparition forcée d’Alain Joseph KADADA, membre du parti MSD à Ngagara introuvable depuis son enlèvement par l’officier du renseignement Joseph Mathias NIYONZIMA le 03 janvier 2016 près de l’hopital militaire de Kamenge[9];

  1. En plus de cette répression féroce ciblant ses membres, le parti MSD a lui-même été ciblé. Le 4 avril 2017, le Ministre de l’Intérieur et de la Formation Patriotique, Pascal BARANDAGIYE, a ordonné la suspension des activités et la fermeture des locaux du MSD pour une période de six mois. La décision du Ministre de l’intérieur comporte trois chef d’accusation à savoir (i) le parti MSD s’est engagé à former un groupe armé pour combattre le Burundi, (ii) continue à violer la loi sur les partis politiques et (iii) [et ses] membres continuent à afficher un comportement récidiviste d’encourager la violence et la haine ;

 

  1. En l’espace de deux mois à compter de la publication de l’ordonnance susvisée qui contient les accusations graves à l’endroit des militants du parti MSD, plusieurs cas, soit d’arrestation et détention arbitraire, soit de disparitions forcées dans les rangs de ce parti ont été signalés. Il s’agit notamment des cas suivants :
  • Léon BANGIRICENGE arrêté à Kamenge et porté disparu depuis la nuit du 23 avril 2017 ;
  • Rémy NDAGIJIMANA arrêté à Mutanga Sud et porté disparu depuis la matinée du 25 avril 2017 ;
  • Dieudonné Nsabimana, membre du comité du parti MSD en Mairie de Bujumbura, arrêté à Kamenge et porté disparu depuis le 05 juin 2017[10];
  • Vénérand HABONIMANA[11] arrêté arbitrairement  à Rwibaga en Commune Mugongo-Manga de la Province de Bujumbura (rural) depuis  le 7 juin 2017;
  1. Il importe de signaler que les autorités burundaises continuent à détenir une partie des membres du parti MSD arrêtés le 08 mars 2014 alors qu’ils sont en droit de bénéficier de la mesure de grâce présidentielle annoncée le 31 décembre 2016 et décrétée le 03 janvier 2017[12]. La majorité des prisonniers du 08 mars 2014 ont été libérés, mais au moins six membres du MSD restent en détention sans aucune justification. Il s’agit de:
  • Nathal NDAYONGEJE, ancien porte-parole du parti, détenu à la prison centrale de Mpimba,
  • Roger MUHIZI détenu à la prison centrale de Mpimba,
  • Clément HATUNGIMANA détenu à la prison centrale de Mpimba,
  • Gérard NAHIMANA détenu à la prison de Rumonge,
  • Daniel Rugonumugabo détenu à la prison de Gitega,
  • Jean de Dieu BIGIRIMANA détenu à la prison de Gitega,

Charles NZEYIMANA qui était dans la même situation a dû s’évader en avril 2017. Signalons également la situation dramatique de Nathal NDAYONGEJE dont l’épouse, Godeberthe NIYONZIMA, est également en prison dans le cadre de la répression contre les opposants au troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA.

D. Contexte de la disparition forcée de Messieurs Léon BANGIRICENGE et Rémy NDAGIJIMANA

  1. Selon les informations recueillies auprès des proches des victimes et des témoins de leurs enlèvements, Léon BANGIRICENGE a été arrêté dans la soirée du 23 avril 2017 à son domicile sis dans la zone urbaine de Kamenge tandis que Rémy NDAGIJIMANA a été arrêté deux jours plus tard, soit le 25 avril 2017, au quartier Mutanga Sud de la ville de Bujumbura, tout près des blocs résidentiels en face de l’Eglise Esprit de Sagesse, communément appelée « Chez Ntabona » ;
  1. Léon BANGIRICENGE aurait répondu à un appel téléphonique d’un ami avec lequel il partageait un petit commerce. Il se serait ensuite pointé devant le portail de son domicile pour attendre la personne en question. Les sources du FOCODE indiquent qu’il a été arrêté à cet endroit et embarqué dans un véhicule à bord duquel se trouvait un officier du SNR, Joseph Mathias NIYONZIMA connu sous le sobriquet de KAZUNGU déjà cité dans de nombreux crimes similaires ;
  1. Les mêmes sources indiquent que la victime aurait été immédiatement conduite au Bar Iwabo w ‘Abantu[13] appartenant à feu Lieutenant-général Adolphe Nshimirimana où il aurait subi d’horribles actes de tortures ;
  1. Quant à Rémy NDAGIJIMANA, il a été arrêté dans la matinée du 25 avril 2017 aux environs de 8 heures. Il aurait répondu à un appel téléphonique d’un certain HATUNGIMANA alias WENGA qui se trouve être le chef des Imbonerakure sur la colline Sororezo. Selon les proches de Rémy NDAGIJIMANA, le milicien Imbonerakure lui aurait fait savoir qu’il venait de lui trouver un emploi de chauffeur d’une voiture. En chômage depuis un certain temps,  Rémy NDAGIJIMANA s’est empressé d’aller à la rencontre de celui qui était en réalité à la solde de ses ravisseurs;
  1. Rémy NDAGIJIMANA a quitté son domicile en compagnie de son épouse alors enceinte depuis quatre mois. Les deux époux se sont séparés au niveau de la colline Sororezo, Rémy NDAGIJIMANA a emprunté le chemin menant vers le quartier Mutanga sud. Arrivé  au niveau de la paroisse Esprit de Sagesse, il a été arrêté et embarqué dans une voiture Toyota de type TI sans plaque d’immatriculation. Les témoins de la scène disent avoir aperçu à bord de ce véhicule un certain « Joe Dassin », un des responsables du Service National de Renseignement en province de Bujumbura (dit rural) ;
  1. Selon une source, Rémy NDAGIJIMANA aurait été conduit à son tour au Bar Iwabo w’Abantu où il aurait rejoint son camarade Léon BANGIRICENGE enlevé deux jours plus tôt. Les deux hommes auraient passé audit Bar trois jours durant lesquels ils auraient subi jour et nuit des actes de torture d’une cruauté innommable;
  1. Après les trois jours passés au bar Iwabo w’Abantu, ils auraient été conduits dans un lieu secret de détention relevant du SNR sis à Kajaga en commune Mutimbuzi dans la province de Bujumbura (dit rural), expliquent les sources du FOCODE qui précisent que, là aussi, les actes de torture ont été poursuivis sur les victimes;
  1. Suite à un état de santé irrémédiablement compromis par les longues et pénibles séances de torture, les ravisseurs auraient décidé d’achever les deux hommes le mercredi 31 mai 2017. Selon des informations recueillies auprès des membres du parti CNDD-FDD et des agents du SNR, les corps sans vie des deux hommes auraient été jetés, dans la foulée, dans une fosse tout près du pont Ntahangwa, non loin de l’Eglise Pentecôte da Ntahangwa ;
  1. La nouvelle de l’exécution des deux victimes a été annoncée le 02 juin 2017 par le porte-parole du parti MSD, Epithace NSHIMIRIMANA sur son compte Twitter[14]. La disparition des deux militants du MSD a été signalée dans le rapport de SOS-Torture Burundi du 03 juin 2017. « SOS-Torture Burundi a appris des responsables du parti MSD que les deux hommes étaient maintenus en détention illégale dans une maison privée du quartier Kajaga en commune Mutimbuzi à la sortie  ouest de  la ville de Bujumbura,  ces  opposants politiques  ont subi des actes de  tortures graves avant leur exécution extrajudiciaire  le 31 mai 2017»[15] ;
  1. Le 05 juin 2017, la radio publique africaine RPA a fait un article[16] sur l’exécution des deux militants du parti MSD, une version très proche des résultats de l’enquête menée par le FOCODE :

“Deux membres du parti MSD ont été tués mercredi dernier par des agents du Service National des Renseignements deux mois après leur arrestation. Les familles auraient tenté de chercher les deux hommes dans tous les cachots de Bujumbura, mais sans succès. Après exécution, les corps des victimes ont été jetés dans une fosse commune proche du pont Ntahangwa, selon des proches.

Ces deux militants du parti MSD sont Léon Bangiricenge et Rémy Ndagijimana. Léon Bangiricenge a été arrêté dans la nuit du 23 avril 2017 à son domicile dans la zone Kamenge, par Joseph Mathias Niyonzima dit Kazungu, officier du SNR.

A ce moment, comme l’indiquent les membres de sa famille, Léon Bangiricenge avait répondu à l’appel téléphonique d’un ami avec lequel il partageait un petit commerce. En sortant de la maison, il avait dit à sa mère qu’il allait récupérer son argent. « Après quelques instants, il a été embarqué dans un véhicule du SNR de marque Toyota sans plaque ; et plus de trace de lui », indique la famille. Selon des sources concordantes, il a été acheminé dans le bar dénommé Iwabo w’abantu du Lieutenant-Général Adolphe Nshimirimana.

Rémy Ndagijimana, lui aussi militant du MSD, a été arrêté le 27 avril 2017 à Mutanga Sud, tout près des blocs en face de l’église « Esprit de sagesse ». Ce membre de l’opposition a lui aussi été piégé en répondant à l’appel téléphonique d’un certain Wenga, chef des Imbonerakure de la colline Sororezo. Ce dernier disait qu’il lui avait trouvé un emploi de chauffeur, étant donné que Rémy Ndagijimana exerçait cette fonction de chauffeur à la permanence du parti MSD.

Ndagijimana a été embarqué à bord d’un véhicule Toyota de modèle TI appartenant au SNR. Des sources à Mutanga sud révèlent qu’à l’intérieur de ce véhicule se trouvait Joe Dassin, un agent du service des renseignements. Lui aussi a été emmené au bar Iwabo w’abantu où il a rejoint son camarade Léon Bangiricenge.

Des sources proches du SNR indiquent que les deux hommes ont été torturés durant trois jours par des agents du SNR. « Par après, ils ont été emmenés à Kajaga », expliquent les mêmes sources, précisant que les tortures se poursuivaient.

La nouvelle de leur exécution est tombée dans la soirée de mercredi dernier à travers des informations livrées par certains membres du parti au pouvoir CNDD-FDD.

« Même si le corps de Léon Bangiricenge reste introuvable, celui de Rémy Ndagijimana a été jeté dans une fosse commune située tout près du pont Ntahangwa, à quelques mètres de l’église Pentecôte », révèlent ces sources.

La décision d’achever les deux membres du MSD a été prise après de longues séances de torture, alors que leur santé devenait de plus en plus précaire. Les familles de Léon Bangiricenge et de Rémy Ndagijimana sont en pleine désolation et consternation. Elles demandent au SNR de restituer les corps des victimes pour les enterrer dignement.

E. Calvaire des familles des victimes et démarches initiées pour retrouver les disparus

  1. Les familles des victimes assurent avoir cherché en vain les leurs dans tous les cachots officiels de Bujumbura et qu’elles ont dû abandonner les recherches après avoir reçu à leur tour des menaces de mort ;
  1. Lors des recherches effectuées au SNR par les proches de Rémy NDAGIJIMANA, une source au SNR leur aurait exprimé des inquiétudes sur la sécurité des membres de la famille qui continuaient à suivre ce dossier sans donner plus de précisions ;
  1. Les deux familles ont été soumises à la pression de différentes personnes qui se présentaient comme des agents du SNR et qui promettaient de montrer où se trouvaient les détenus moyennant le payement de sommes importantes d’argent ;
  1. Des proches de la famille de Léon BANGIRICENGE affirment avoir été en contact avec un informateur du SNR qui avait exigé une somme de huit cent mille francs Burundais (BIF 800.000) pour pouvoir montrer où était emprisonné Léon BANGIRICENGE. Au moment du payement de la rançon, l’informateur se serait désisté en annonçant qu’il n’y avait plus intérêt à payer puisque les deux victimes avaient déjà été exécutées ;
  1. La famille de Rémy NDAGIJIMANA a été également rançonnée par des personnes qui se faisaient passer pour des agents du SNR. « Je ne peux pas chiffrer la somme totale car tous les membres de la famille faisaient des contacts même parmi les membres du CNDD-FDD et des agents du SNR pour nous aider. Je me rappelle de cent mille francs burundais payés à un agent du SNR qui avait promis de nous aider », a confié au FOCODE un membre de la famille de Rémy NDAGIJIMANA;

F. Les présumés auteurs de la double disparition de Léon BANGIRICENGE et Rémy NDAGIJIMANA

  1. Selon les informations et témoignages recueillis par le FOCODE au sujet de la disparition forcée de Léon BANGIRICENGE et Rémy NDAGIJIMANA, les principales personnes citées sont :
  • Joseph Mathias NIYONZIMA alias « Kazungu », un officier du SNR régulièrement cité dans plusieurs cas de disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires ;
  • Le nommé Joe Dassin, un des responsables du SNR en province de Bujumbura (dit rural), cité dans des crimes d’assassinats et de disparitions forcées particulièrement dans la zone urbaine de Musaga ;
  • Le nommé HATUNGIMANA alias WENGA, chef de la jeunesse Imbonerakure sur la colline Sororezo de la commune Kanyosha de Bujumbura (dit Rural) ;

G. Prise de position du FOCODE et recommandations.

  1. Le FOCODE condamne la disparition forcée de Messieurs Léon BANGIRICENGE et Rémy NDAGIJIMANA, le silence des autorités burundaises sur un double crime aussi grave et l’inaction de la justice burundaise dans la quasi-totalité des cas de disparition forcée des membres de l’opposition politique ou des personnes perçues comme tel par le régime de Pierre NKURUNZIZA ;
  1. Le FOCODE condamne la persistance des cachots secrets, aussi bien dans les infrastructures publiques du SNR que dans différents endroits privés, qui seraient coordonnés et supervisés par des membres des corps de défense et de sécurité; la persistance du phénomène des disparitions forcées en général et spécialement les militants du MSD ainsi que la totale impunité garantie aux éléments des services de sécurité impliqués dans des actes de disparitions forcées;
  1. Le FOCODE condamne la tendance de plus en plus généralisée du rançonnage et d’intimidation des familles des victimes de disparitions forcées jusqu’au point de les empêcher parfois systématiquement de réclamer que justice leur soit rendue ;
  1. Le FOCODE demande la traduction en justice de l’Officier du Service National de Renseignement Joseph-Mathias NIYONZIMA, de « Joe Dassin », un des responsables du SNR en province de Bujumbura (dit rural) ainsi que du nommé HATUNGIMANA alias WENGA, chef de la jeunesse Imbonerakure sur la colline Sororezo de la commune Kanyosha de Bujumbura (dit Rural) et de toute autre personne ayant été impliquée dans la disparition forcée des deux militants du MSD Léon BANGIRICENGE et Rémy NDAGIJIMANA ;
  1. Le FOCODE réitère sa demande à la Cour Pénale Internationale de procéder sans délais à l’ouverture d’une enquête sur tous les crimes sous sa compétence en cours au Burundi et l’engagement des poursuites contre leurs auteurs présumés.

[1] Charles Nzeyimana et un autre détenu d’origine rwandaise, Stone Kenny Bayisingize, ont évadé le 13 avril 2017 alors qu’ils avaient la permission d’aller se faire soigner à l’Hôpital de Rutana ; ils sont partis avec deux policiers qui les gardaient. L’évasion a entraîné l’emprisonnement du directeur de la prison de Rutana Jonas Mbonimpa et du chef de poste, le brigadier Eugène Nzeyimana. Lire https://www.bonesha.bi/Rutana-le-directeur-de-la-prison.html

[2] Burundi : il faut mettre fin à la répression des opposants et des détracteurs du gouvernement, https://www.hrw.org/fr/news/2014/07/16/burundi-il-faut-mettre-fin-la-repression-des-opposants-et-des-detracteurs-du

[3] La disparition de Monsieur Bernard Baranjoreje, http://ndondeza.org/bernard-baranjoreje/

[4] La disparition forcée de Messieurs Clovis Ntukamazina et emmanuel Kamana, http://ndondeza.org/la-disparition-forcee-de-messieurs-clovis-ntukamazina-et-emmanuel-kamana/

[5] La disparition forcée de Monsieur Eric Niyungeko, http://ndondeza.org/eric-niyungeko/

[6] Burundi : disparition forcée de Belyse Ntakarutimana, http://ndondeza.org/belyse-ntakarutimana/

[7] Déclaration du FOCODE à l’occasion de la journée internationale de la femme, http://ndondeza.org/declaration-du-focode-loccasion-de-la-journee-internationale-de-la-femme/

[8] Disparition forcée du couple Alexis Nkunzimana et Emelyne Ndayishimiye, http://ndondeza.org/alexis-nkunzimana-et-emelyne-ndayishimiye/

[9] Disparition forcée d’Alain Joseph Kadada, http://ndondeza.org/alain-joseph-kadada/

[10] https://twitter.com/NEpithace/status/871991198822658049

[11] Ce militant du MSD était charge d’enseigner les valeurs du Parti dans la Commune Mugongo-Manga de la Province Bujumbura rural.

[12] Décret n° 100/01 du 03 janvier 2017 portant mesure de grâce http://www.presidence.gov.bi/wp-content/uploads/2017/03/Decret-001-2017.pdf

[13] Ce bar sis à Kamenge abriterait des cachots secrets dans lesquels transitent beaucoup de victimes avant leur exécution.

[14] https://twitter.com/NEpithace/status/870609300678467585

[15] Voir le rapport no77 de SOS torture Burundi du 03/06/2017 disponible sur le site http://sostortureburundi.over-blog.com/2017/06/rapport-n-77-de-sos-torture-burundi-publie-le-3-juin-2017.html

[16] Deux militants du MSD exécutés après deux mois de captivité et de torture par le SNR, http://www.rpa.bi/index.php/2011-08-15-07-10-58/droits-de-l-homme/item/3565-deux-militants-du-msd-executes-apres-deux-mois-de-captivite-et-de-torture-par-le-snr