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Disparition forcée de Messieurs Jean-Marie Vianney Badogomba, Amuri Kwizera, Christophe Niyonzima, Eddy Irakoze, Caporal Innocent Gashirahamwe, Rémy Niyonsaba, Désiré Niyuhire et Abdoul Niyonzima.

« Les autorités burundaises doivent faire la lumière sur la disparition forcée de Messieurs Jean-Marie Vianney BADOGOMBA, Amuri KWIZERA, Christophe NIYONZIMA, Eddy IRAKOZE, Caporal Innocent GASHIRAHAMWE, Rémy NIYONSABA, Désiré NIYUHIRE et Abdoul NDAYISHIMIYE enlevés par le renseignement militaire burundais entre juillet et novembre 2021 ».

Dans le cadre de sa « Campagne NDONDEZA contre les disparitions forcées au Burundi », le FOCODE a recueilli des informations et des témoignages sur huit cas de disparitions forcées consécutifs à des enlèvements des citoyens burundais opérés entre juillet et novembre 2021 en Mairie de Bujumbura ainsi que dans les provinces de Muyinga, Muramvya et Cibitoke. Les huit enlèvements présentent beaucoup de similitudes dans leur mode opératoire et plusieurs indices concordent pour indiquer que ces opérations ont été menées par le renseignement militaire burundais. Il s’agit de la disparition forcée de Monsieur Jean-Marie Vianney BADOGOMBA enlevé le 19 septembre 2021 sur l’Avenue de l’Université à Bujumbura, de Monsieur Amuri KWIZERA enlevé le 16 juillet 2021 à Nyakabiga, de Monsieur Christophe NIYONZIMA enlevé le 23 août 2021 à Kumasanganzira (croisement des routes Ngozi-Kirundo et Ngozi-Muyinga), de Monsieur Eddy IRAKOZE enlevé le 12 septembre 2021 à Musaga, du Caporal Innocent GASHIRAHAMWE enlevé le 29 septembre 2021 à Carama (nord de Bujumbura), de Monsieur Rémy NIYONSABA enlevé le 23 octobre 2021 en commune Mbuye, de Monsieur Désiré NIYUHIRE enlevé le 1er novembre 2021 en commune Kiganda et de Monsieur Abdoul NDAYISHIMIYE enlevé le 2 novembre 2021 en commune Rugombo.

Ce dossier de la Campagne NDONDEZA met particulièrement en exergue le modus operandi des opérations d’enlèvements menées par le renseignement militaire (appelé G2 dans le jargon de l’armée burundaise) en 2021 et rappellent certains des principaux acteurs de ces opérations. Contrairement aux opérations similaires généralement menées par plusieurs équipes du Service national de renseignement (SNR), une petite équipe du renseignement militaire a été employée dans les disparitions forcées de 2021 et un même véhicule a été utilisé dans la majorité des opérations. Ce dossier met le projecteur sur une camionnette décrite par plusieurs témoins comme étant « un pickup Toyota Hilux double cabine aux vitres teintées, de couleur blanche, ayant des motifs rougeâtres sur ses portes » utilisé dans ces enlèvements. Le renseignement militaire ne s’est pas embarrassé d’un minimum de discrétion dans ses opérations contrairement aux pratiques du SNR. Alors que les agents du SNR ont l’habitude de piéger les victimes en leur donnant des rendez-vous dans des endroits moins fréquentés, le renseignement militaire a opéré dans des bars bondés, sur les lieux de travail des victimes, sur les routes en présence de témoins. Comme dans les dossiers précédents impliquant le G2, on retrouve, dans au moins six cas de ce dossier, la présence d’un milicien Imbonerakure ou d’un autre informateur ayant assuré la surveillance de la victime avant son enlèvement.

Les autorités burundaises ne se sont jamais prononcées sur les huit cas de disparitions forcées qu’évoque ce dossier alors qu’ils ont tous fait objet de publications dans des alertes du FOCODE et dans des publications de la presse. Leurs auteurs bénéficient d’une totale impunité et ont reçu des promotions ou des missions convoitées à l’extérieur du Burundi en 2022. La Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) n’a pas non plus évoqué ces cas. Dans son rapport annuel édition 2021, elle avait promis de continuer des enquêtes sur des allégations de disparitions forcées qu’elle avait reçues mais elle ne les a pas reprises dans son rapport annuel de 2022.

Cette déclaration du FOCODE présente l’identification des huit victimes de disparitions forcées, détaille les circonstances de ces disparitions forcées, évoque leurs auteurs présumés et appelle tous les acteurs à un engagement véritable et des actions concrètes contre les disparitions forcées au Burundi.

(Le reste de l’article est en cours de rédaction …)