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Disparition forcée de Monsieur Vital Nyandwi.

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« Les autorités burundaises doivent faire la lumière sur la disparition forcée de Monsieur Vital NYANDWI, arrêté par les responsables des services de sécurité  en province de Ruyigi le 15 mars 2019 à Gisuru ».

Dans le cadre de sa « Campagne NDONDEZA contre les disparitions forcées au Burundi », le FOCODE a recueilli des informations et des témoignages sur la disparition forcée de Monsieur Vital NYANDWI, militant du parti CNL introuvable depuis son arrestation le 15 mars 2019, deux jours seulement après son retour d’exil. Vital NYANDWI a été arrêté par des éléments de la police conduits par le commissaire de la police en province de Ruyigi, Olivier NIBIGIRA. La disparition de Monsieur Vital NYANDWI contraste avec le discours officiel qui appelle les réfugiés burundais à rentrer dans leur pays. Bien évidemment, comme dans la quasi-totalité des cas de disparitions forcées documentées par la Campagne NDONDEZA, les personnes impliquées dans la disparition de Vital NYANDWI n’ont fait objet d’aucune enquête officielle.

A. Identité de la victime

  1. Fils de Philippe NTEMBAGARA et d’Immaculée RUMINUZA, Vital NYANDWI est né en 1985 sur la colline Kinama de la commune Gisuru, province Ruyigi. Marié et père de quatre (4) enfants, la victime vivait de sa profession de cultivateur comme la majorité des burundais. Au camp des réfugiés de Nduta en Tanzanie où il s’était réfugié en 2015, il avait monté un business d’un petit restaurant pour pouvoir compléter la ration mensuelle donnée aux réfugiés.
  1. Selon des informations recueillies par la campagne Ndondeza auprès des habitants de la colline natale de Vital NYANDWI, ce dernier était membre du parti Forces Nationales de Libération (FNL), aile dirigée par Agathon RWASA et qui n’était pas reconnue par le gouvernement du Burundi. Bien que les membres de ce parti aient été très actifs dans les manifestations de 2015 contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA, nos sources à Gisuru rapportent que Vital NYANDWI n’avait pas participé auxdites manifestations.

B. Contexte de la disparition forcée de Monsieur Vital NYANDWI

Le Retour d’exil

  1. Exilé en 2015, Vital NYANDWI est parti seul en Tanzanie laissant sa famille au Burundi et a résidé pendant trois ans au Camp des réfugiés de Nduta. Sa famille est restée dans des conditions très précaires étant donné que le père de famille n’était plus là pour subvenir aux besoins des siens. Trois ans après, la situation familiale étant devenue intenable, Vital NYANDWI, par ailleurs encouragé par les appels intempestifs du président NKURUNZIZA et du gouvernement burundais au retour des réfugiés, commença à envisager son rapatriement.
  1. C’est dans cette optique que certains membres de la famille de Vital NYANDWI sont allés voir l’administrateur de la commune Gisuru, Aloys NGENZIRABONA, pour lui faire part de cette idée de Vital de retourner parmi les siens. Les proches de Vital NYANDWI voulaient que l’administration puisse lui garantir la protection après son retour au bercail. L’administrateur NGENZIRABONA aurait juste demandé : « A-t-il commis une quelconque infraction contre le parti CNDD-FDD avant de fuir ? » Ils ont répondu que non. L’administrateur aurait ainsi rassuré que Vital NYANDWI était libre de retourner dans sa famille. Ainsi donc les conditions étaient réunies pour un rapatriement volontaire en « sécurité ».
  1. Mercredi 13 Mars 2019, Vital NYANDWI est arrivé sur sa colline natale de Kinama et a été accueilli dans la joie. Une petite fête familiale a même été organisée en son honneur mais aussi pour informer les voisins de son retour.
  1. Dès le lendemain, des informations faisant état d’un plan des miliciens imbonerakure visant à arrêter Vital NYANDWI ont commencé à circuler au chef-lieu de la commune Gisuru et à se faire de plus en plus précises au fur des heures. Vital NYANDWI fut également informé de sa possible arrestation par les miliciens du parti au pouvoir qui digéraient mal le retour des réfugiés taxés d’ennemis du CNDD-FDD et du pays. Connaissant l’intolérance politique dont font preuve ces miliciens ainsi que la cruauté de leurs actes, un des membres de la famille aurait conseillé à Vital NYANDWI de retourner au camp de Nduta pour avoir la vie sauve. Ce dernier lui aurait rétorqué qu’il n’en était plus question : « Je n’ai aucune intention de retourner en exil car je suis venu légalement et je ne présente aucune menace pour la sécurité».

Arrestation et disparition forcée.

  1. Vendredi 15 Mars 2019, vers 14 heures locales (GMT+2), Vital NYANDWI fut appelé au téléphone par Richard NTIRAMPEBA, un milicien Imbonerakure connu à Gisuru. Il invita NYANDWI à le rejoindre à l’endroit communément appelé « Kw’i Barrière » pour « partager un Fanta[1] ». C’est un endroit où est érigé (jusqu’au moment où nous enquêtions sur le présent cas) une barrière qui sert de point de contrôle du trafic entre le Burundi et la Tanzanie voisine ; on y trouve des policiers et des agents de l’Office Burundais des Recettes (OBR). Un bistrot est également installé tout près de cette barrière, ce qui en fait un endroit assez fréquenté et connu.
  1. Soucieux de faire connaissance avec l’entourage et surtout les autorités administratives et sécuritaires, dans sa volonté de démontrer sa bonne foi aux membres du parti au pouvoir, Vital NYANDWI a positivement répondu à l’invitation du milicien NTIRAMPEBA et s’y est rendu en compagnie de son épouse. Arrivé à « Kw’i Barrière », il a trouvé le milicien Richard NTIRAMPEBA assis avec Benoît DEMBE, sous-officier de corps à la brigade de police de Gisuru. Ils ont accueilli Vital et lui ont acheté une bouteille d’Amstel[2]. Avant même qu’il ne puisse en prendre une seule gorgée, des policiers ont fait irruption, ont menotté Vital NYANDWI les bras et les pieds, ont versé le contenu de sa bouteille d’Amstel sur lui et l’ont jeté dans un véhicule de type Hilux double cabine qui, selon nos sources, serait celui du commissaire provincial de la police à Ruyigi, Olivier NIBIGIRA. Il fut conduit immédiatement au cachot de la brigade de Gisuru et l’OPJ aurait été menacé en ces termes : « si jamais Vital NYANDWI s’évade du cachot, que vous partiez ensemble ».  Aussitôt, la famille a alerté l’administrateur Aloys NGENZIRABONA pour qu’il puisse intervenir et ainsi obtenir la libération de Vital NYANDWI.
  1. Le même jour, il était organisée à Gisuru une réunion de sécurité à laquelle prenaient part les hautes autorités administratives et sécuritaires de la province dont le gouverneur, le commissaire provincial de police, le responsable du Service National de Renseignement (SNR) ainsi que le commandant du camp militaire de Mutukura à Cankuzo[3]. Vers la fin de la réunion, selon les témoignages recueillis auprès des personnes qui étaient sur place, l’administrateur de Gisuru aurait informé les autorités provinciales présentes du cas de Vital NYANDWI qui venait de se faire arrêter.
  1. A la fin de la réunion, le gouverneur, le commissaire provincial, le responsable du SNR et le commandant du camp de Mutukura auraient décidé d’aller au cachot de la brigade Gisuru pour voir et interroger Vital NYANDWI. Les questions lui posées par ces autorités auraient porté sur son appartenance aux groupes armés, les relations avec certaines personnes vivant à Bujumbura, etc. Après cet interrogatoire, le commissaire Olivier NIBIGIRA aurait demandé qu’on emmène M. NYANDWI à Ruyigi, ce que ses collègues n’auraient pas accepté, lui opposant l’argument qu’ils ne trouvaient aucune charge qui méritait un transfèrement à Ruyigi. Vital NYANDWI est retourné dans la cellule où se trouvaient d’autres détenus. Le surnombre de détenus et l’absence totale d’aération (cellule sans fenêtre) faisaient que les prisonniers suffoquaient de chaleur. Pour respirer il fallait enlever les vêtements et rester en sous-vêtements. Entre 17 heures et 18 heures, Vital NYANDWI a eu une visite d’un membre de sa famille.
  1. D’après une première source, il était aux environs de 19 heures 30 minutes, quand Vital NYANDWI fut violemment sorti du cachot de la brigade de Gisuru par des agents du SNR sans même lui donner le temps de remettre ses habits car il fut emporté en culotte (sous-vêtement), menottes aux mains et aux pieds; ils l’auraient embarqué dans le véhicule du responsable provincial du SNR, M. Epitace NDAYIRAGIJE, qui aurait pris la direction de Ruyigi. Avant de partir, Vital NYANDWI aurait dit à ses codétenus qu’à voir la manière dont ils venaient le chercher, il craignait pour sa vie. Arrivé au chef-lieu de la province RUYIGI, le véhicule aurait fait escale derrière la prison de Ruyigi, aux environs de 21 heures, avant de se diriger au bureau du SNR où Vital NYANDWI aurait été détenu avant la perte de toute trace de lui.
  1. A la suite de l’émission Ndondeza diffusée sur les ondes de la radio UMURISHO le 5 mai 2019, une source interne au SNR a donné au FOCODE une autre version des faits qui ne s’écarte de la précédente que sur le présumé responsable de la disparition forcée de Vital NYANDWI. En effet, selon cette source, après l’interrogatoire de Vital NYANDWI par les hautes autorités citées plus haut, ces dernières seraient rentrées à Ruyigi sauf le commissaire provincial de la police qui aurait retardé son départ sans raison apparente. Aux environs de 19 heures 30 minutes, Olivier NIBIGIRA serait venu avec sa garde, prendre Vital NYANDWI au cachot de la brigade de police à Gisuru. Ils auraient été d’une telle violence qu’ils ne lui auraient même pas autorisé à mettre ses habits. Selon des informations livrées par ses codétenus, il a été emmené en sous-vêtements, les pieds et les mains menottés. Informé de ce kidnapping, l’administrateur communal aurait appelé le commissaire Olivier NIBIGIRA et lui aurait demandé s’il venait de prendre Vital NYANDWI, la réponse du commissaire aurait été négative.
  1. Quoique cette source ne précise pas la direction qu’aurait emprunté le véhicule du commissaire, elle complète la première notamment en livrant des informations clés sur certains repères géographiques pouvant renseigner sur la possible destination de Vital NYANDWI. En effet, selon toujours cette seconde source, il n’y a pas de route derrière la prison de Ruyigi. Il y a seulement un simple chemin utilisé par des piétons et ce chemin mène directement au commissariat provincial de la police à Ruyigi, donc au bureau du commissaire Olivier NIBIGIRA. Le bureau du responsable du SNR à Ruyigi, a poursuivi notre source, se trouve dans le building abritant le bureau du gouverneur, donc un lieu assez fréquenté et ouvert où il serait impossible d’emprisonner des gens.
  1. Toutes les deux sources s’accordent sur une chose et c’est la plus importante : un citoyen du nom de Vital NYANDWI a été arrêté en date du 15 Mars 2019 par des agents de la police nationale. Il fut emprisonné au cachot de la brigade de police à Gisuru, il fut interrogé par les hautes autorités de la province dont le gouverneur. Aux environs de 19 heures 30 minutes, il fut enlevé du cachot, menotté et embarqué dans un véhicule double cabine pour une destination jusqu’ici inconnue.

C. Efforts de la famille de la victime pour retrouver Vital NYANDWI.

  1. Les circonstances de l’arrestation et de la disparition forcée de Vital NYANDWI posent de sérieuses questions sur la sécurité des opposants au Burundi et plus particulièrement des rapatriés qui avaient fui la répression consécutive à la contestation du troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA. En effet, Vital NYANDWI est rentré d’exil sur accord, sinon permission préalable, de l’administrateur communal de Gisuru ; il fut pourtant arrêté en pleine journée, en présence de son épouse et bien d’autres passants. Des preuves irréfutables de son emprisonnement au cachot de la brigade Gisuru sont là, notamment la visite des autorités provinciales dont le gouverneur. Mais tout cela n’a pas empêché qu’il soit sorti de prison et disparut. Un crime grave commis par des corps de l’Etat sans même se voiler la face et qui n’a été suivi d’aucune enquête officielle jusqu’au moment de la rédaction de ce rapport. La disparition forcée de Vital NYANDWI, 48 heures seulement après son retour d’exil, rappelle d’autres cas similaires déjà documentés par le FOCODE notamment celui de Sylvain MAGORWA le 30 septembre 2018 à Cankuzo et celui de Jean-Marie Vianney NSHIMIRIMANA le 31 octobre 2018 à Mutanga Nord (Ville de Bujumbura) qui furent arrêtés par des agents de l’Etat burundais à leur retour d’exil. Nos inquiétudes que l’appel au rapatriement lancé par le Président NKURUNZIZA serait un piège pour éliminer les opposants qui avaient pu lui échapper risquent de se confirmer.
  1. La stature et la puissance des personnalités accusées de commettre ces crimes découragent presque totalement les familles des victimes de porter plainte en justice. La famille et les amis de Vital NYANDWI ont essayé de glaner des informations sur la destination de la victime. Les informations reçues parfois contradictoires étaient visiblement destinées à brouiller toutes les pistes et blanchir les bourreaux. Ainsi, on dira à la famille que Vital NYANDWI a été conduit à Ruyigi, qu’après un passage derrière la prison de Ruyigi il a été conduit au bureau bu SNR où il aurait été emprisonné pendant quelques jours avant de disparaitre ; qu’il aurait été transféré à la prison de Muramvya, une thèse aussitôt démentie par une source à la prison de Muramvya ; et enfin qu’il aurait été conduit à Kibondo en Tanzanie par le commissaire Olivier NIBIGIRA pour des activités de renseignement, une thèse qualifiée de mensonge par nos sources à Ruyigi et Gisuru du simple fait que le trajet Gisuru-Kibondo puis Kibondo-Ruyigi ne pouvait pas se faire en une seule nuit.
  1. L’administrateur communal de Gisuru et le procureur de la République à Ruyigi ont été approchés par la famille pour aider à retrouver la victime mais aucune action n’a été menée par ces deux autorités jusqu’ici. La famille est complètement désespérée et ne sait plus quoi faire.

D. Présumés auteurs de la disparition forcée de Vital NYANDWI

  1. La disparition forcée de Vital NYANDWI pose des questions intrigantes : qui a ordonné l’arrestation de M. NYANDWI et son emprisonnement au cachot de la brigade de Gisuru ? Qui a pu pénétrer dans la brigade et sortir du cachot un détenu pendant la nuit ? Pourquoi l’administrateur communal de Gisuru et le procureur de la République à Ruyigi sont-ils restés muets face à ce crime ? Sûrement que la personne responsable est tellement puissante pour entrer dans un camp de police et y faire tout ce qu’elle veut et après intimider l’administration communal et la justice.
  1. En première position vient le milicien imbonerakure Richard NTIRAMPEBA qui a piégé la victime par son appel téléphonique. En deuxième position, il y a Benoit DEMBE, le sous-officier de corps à la brigade de police de Gisuru. C’est une autorité assez puissante dans cette circonscription et il serait responsable de l’emprisonnement de la victime au cachot de la brigade. Il ne serait pas non plus ignorant de qui a sorti M. NYANDWI du cachot après des heures de service.
  1. En 3ème position vient le commissaire provincial Olivier NIBIGIRA. Il aurait retardé son départ pour Ruyigi et c’est lui qui serait allé prendre Vital NYANDWI au cachot de la brigade de Gisuru. Etant responsable de la police sur tout le territoire de la province, personne n’aurait pu s’opposer à ses ordres. Le garde-cachot ne pouvait même pas oser lui demander de signer dans le registre des détenus.
  1. Enfin, il y a Epitace NDAYIRAGIJE, alors responsable provincial du SNR qui a participé à l’interrogatoire de Vital NYANDWI au cachot, qui se serait opposé à son transfèrement à Ruyigi, pourtant voulu par le commissaire NIBIGIRA mais aussi cité par la première source comme responsable de la disparition. Une confrontation de ces deux personnalités devant une commission d’enquête indépendante pourrait permettre d’accoucher la vérité sur le sort de la victime. D’autres personnes comme le gouverneur de Ruyigi, Elie BASHINGWA, l’administrateur de Gisuru, Aloys NGENZIRABONA, et le commandant du Camp Mutukura devraient également faire objet de l’enquête sur la disparition forcée de Vital NYANDWI.

  N.B. : Le FOCODE avise ceux qui voudront utiliser d’une manière ou d’une autre les données de cette enquête qu’une partie d’informations a été gardée confidentielle afin de tenter de protéger les sources ou de préserver l’intégrité des différentes preuves qui pourront être utiles aux instances judiciaires ou autres qui pourront traiter le dossier. Ces informations pourront être livrées, sur requête, à tout organe d’enquête jugé indépendant ou toute autre source jugée appropriée à recevoir de telles informations.

E. Recommandations et prise de position du FOCODE.

  1. Le FOCODE condamne la disparition forcée de Monsieur Vital Nyandwi, militant du parti CNL, introuvable depuis son arrestation à Gisuru par le Commissaire provincial de la police de Ruyigi, Olivier NIBIGIRA, le 15 mars 2019 ;
  1. Le FOCODE condamne le silence persistant des autorités burundaises et l’indifférence totale de la police et de la justice burundaises sur des cas de disparitions forcées et d’autres crimes graves, même quand les auteurs sont clairement identifiés comme des agents de l’Etat ;
  1. Le FOCODE condamne la persistance des lieux secrets de détention, notamment dans des maisons privées, une pratique illégale qui facilite les disparitions forcées ;
  1. Le FOCODE demande une enquête indépendante sur la disparition forcée de Monsieur Vital NYANDWI et sur les rôles joués par les agents de l’Etat et les différentes personnes citées dans cette disparition forcée ;
  1. Le FOCODE réitère sa demande à la Cour Pénale Internationale d’enquêter profondément sur le phénomène des disparitions forcées devenu récurrent au Burundi et l’engagement des poursuites contre leurs auteurs présumés.

 

[1] Fanta est une marque de boissons non alcoolisées très commercialisées partout au Burundi par une brasserie

[2] Amstel est une marque d’une bière fabriquée au Burundi

[3] Le FOCODE a cherché à savoir le pourquoi de la présence d’un commandant militaire d’une autre province dans cette réunion, une source dans l’armée nous a dit que dans la région du Kumoso, il y a des positions tenues par des militaires du camp de Mutukura. Donc, lorsqu’il y a une réunion de sécurité dans la province de Ruyigi, le commandant du camp de Mutukura est souvent invité.