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La disparition et l’exécution de Madame Christa Bénigne IRAKOZE et de Monsieur Eddy Claude NDABANEZE.

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DECLARATION DU FOCODE DU 10 Février 2016 

« Les autorités burundaises doivent mettre fin au phénomène des disparitions forcées des citoyens opposés au troisième mandat du Président Pierre NKURUNZIZA et faire la lumière sur la disparition de Madame Christa Bénigne IRAKOZE et de Monsieur Eddy Claude NDABANEZE »

 

flyer-christa-benigne-irakozeflyer-eddy-claude-ndayisabaLe FOCODE a reçu des informations extrêmement inquiétantes sur la disparition et l’exécution de Madame Christa Bénigne IRAKOZE, responsable de la branche féminine du Parti SAHWANYA-FRODEBU en Province de Bujumbura, et de Monsieur Eddy Claude NDABANEZE ancien officier de l’Armée Burundaise (ex-FAB et FDN). Ces deux disparitions s’ajoutent à plusieurs autres cas de disparitions forcées constatées dans le cadre de la répression de la contestation du troisième mandat du Président Pierre NKURUNZIZA.

Face à cette situation, le FOCODE tient à déclarer ce qui suit :

  1. De la disparition forcée de Mme Christa Bénigne IRAKOZE et de Monsieur Eddy Claude NDABANEZE

Selon des informations recueillies auprès des proches des disparus et des informations tenues d’une source interne au Service National de Renseignement (source que nous protégeons absolument), les circonstances de la disparition à l’exécution des deux personnes auraient été les suivantes :

  1. Madame Christa Bénigne IRAKOZE a reçu un appel téléphonique le 29 décembre 2015 vers 9 heures 30 minutes du matin alors qu’elle se trouvait chez elle à Rubirizi en Commune Mutimbuzi de Bujumbura Rural. Avant de se rendre au lieu du rendez-vous fixé par son interlocuteur, Madame IRAKOZE a passé par Mutanga Nord en Mairie de Bujumbura où elle a pris dans son véhicule Monsieur Eddy Claude NDABANEZE, un ancien officier de l’Armée Burundaise.
  1. Arrivés sur le lieu du rendez-vous à Rubirizi autour de 11 heures 30 minutes, Madame IRAKOZE et Monsieur NDABANEZE ont été arrêtés par des hommes armés conduits par le Lieutenant-Colonel Darius IKURAKURE, Commandant du Camp Bataillon Génie de Combat de Muzinda. Dès leur arrestation, selon des témoins, les deux captifs ont été brutalisés et subi des bastonnades avant d’être embarqués dans un véhicule militaire de type pick-up qui a pris la direction de Mutakura en Mairie de Bujumbura. Depuis cet instant, les proches des deux captifs ont perdu leur trace.
  2. Selon une source interne au SNR, Madame Irakoze et Monsieur Ndabaneze ont d’abord été détenus dans un cachot du Service national de renseignement burundais situé à Ngagara Quartier 10. Ils ont subi à cet endroit des interrogatoires musclés et  ont été soumis à toutes sortes de tortures, y compris des sévices déshonorants sur Madame Irakoze.
  1. Par la suite, la même source indique que Madame Irakoze et Monsieur Ndabaneze ont été conduits dans une maison louée par le SNR et qui abriterait des éléments des FDLR à Mutanga Nord. La source ajoute que beaucoup de jeunes passent également dans cette maison avant leur exécution. Les deux captifs ont continué à subir des bastonnades dans cette maison.
  1. Les proches de la famille de Madame Irakoze ont tenté de payer une rançon de deux millions de francs burundais à un officier supérieur de la police nationale qui a rétorqué en Kirundi « Hakwihenda twokwihekura » (au risque de nous tromper sur de grands ennemis, vaut mieux tuer les nôtres). La source confirme que par le payement de rançon, on peut obtenir la libération des personnes arrêtées par le SNR ou tout au moins leur transfert à la Prison Centrale de Mpimba. Cette transaction serait possible uniquement sur des cas qui ne sont pas encore référés au Général Alain Guillaume Bunyoni, Ministre de la Sécurité Publique, ce qui n’était pas le cas pour les deux captifs. C’est le Ministre en personne, selon la source au SNR, qui a donné l’ordre d’exécuter Madame Irakoze et Monsieur NDABANEZE.
  1. Selon la source au SNR, les deux captifs du SNR ont été transportés sur le lieu de leur dernier supplice par un certain Bonaventure alias Bonny, officier du SNR résidant à Carama en Mairie de Bujumbura. Ils ont été exécutés à Muberure en Zone Benga de la Commune Isale –Province de Bujumbura) dans le boisement près de l’Eglise des Témoins de Jehovah après le Centre de santé de Muberure. Deux policiers ont exécuté les deux suppliciés : il s’agit de Gaspard Nimbona et Jérôme Nibitanga.
  1. Selon les familles des deux victimes, le véhicule que conduisait Madame Christa Bénigne Irakoze le jour de son arrestation (une Toyota Allion de couleur grise Plaque IA 1878) est utilisé par un employé du SNR. Une maison de Monsieur Eddy Claude Ndabaneze située à Kinyankonge a été transformée en une position militaire après la disparition de son propriétaire.
  1. Prise de position et Recommandations

Il importe de souligner d’emblée que d’une part Madame Christa Benigne Irakoze et Monsieur Eddy Claude Ndabaneze ont été arrêtés par un officier connu de l’Armée burundaise et que d’autre part le service national de renseignement (dépendant directement du Président Nkurunziza) est cité dans la disparition et l’exécution des deux détenus de même que plusieurs autres citoyens du Burundi. 

Face à cette situation, le FOCODE : 

  1. Condamne les arrestations illégales des citoyens du Burundi opérées par des forces de l’ordre, parfois par des militaires sur des populations civiles, et qui se sont suivies par des détentions dans des lieux secrets non communiqués ni par des déclarations publiques ni aux membres des familles des détenus ;
  2. Exige des explications des autorités burundaises, en l’occurrence le Ministre de la Défense autorité de tutelle du Lieutenant-Colonel Darius Ikurakure et le Président Nkurunziza autorité de tutelle du SNR, sur la disparition de Madame Christa Bénigne Irakoze et de Monsieur Eddy Claude Ndabaneze ;
  3. Condamne la torture opérée dans le secret sur des prisonniers et les sévices sexuels sur des femmes détenues dans les cachots du Service National de Renseignement ;
  4. Condamne la généralisation de la pratique de rançon sur tous les prisonniers arrêtés dans le cadre de la répression de la contestation du troisième mandat de Monsieur Nkurunziza ;
  5. Demande la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et d’opinion dont la seule « faute » est de s’être opposés au troisième mandat inconstitutionnel de Monsieur Pierre Nkurunziza ;
  6. Recommande :

Aux Autorités du Burundi :

  • De mettre fin immédiatement au phénomène des disparitions forcées ;
  • D’assurer la publicité de chaque cas d’arrestation pour que les familles puissent en faire le suivi ;
  • De mettre en place des mécanismes spéciaux pour éviter le viol et d’autres sévices sexuels sur des femmes dans les lieux de détention ;
  • De mettre fin au système de rançon sur les personnes détenues par le SNR et la police ;
  • D’autoriser rapidement une enquête internationale indépendante sur toutes les allégations de violations massives et graves de droits de l’homme au Burundi ;
  • D’accepter et d’engager rapidement un dialogue inclusif avec tous les groupes opposés au troisième mandat du Président Nkurunziza pour trouver une solution durable à la crise burundaise.

Aux Nations-Unies, à l’Union Africaine et à l’EAC :

  • D’envoyer rapidement une force de protection des citoyens et de prévention du génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au Burundi ;
  • De mettre sur pied une commission internationale d’enquête sur les violations massives et graves de droits de l’homme au Burundi, y compris les disparitions forcées, les cas de viol et de torture ainsi que les exécutions extra-judicaires ;
  • De forcer la main au Président Nkurunziza pour qu’il accepte le dialogue inclusif avec toutes les forces politiques et citoyennes opposées à son troisième mandat inconstitutionnel ;
  • D’envisager le recours à la force pour la destitution du Président Nkurunziza au cas où il persisterait à refuser le dialogue inclusif ou la mise en place des résultats du dialogue ;

A tous les citoyens du Burundi :

  • De ne pas céder à la peur face aux velléités dictatoriales et sanguinaires du régime Nkurunziza ;
  • De rester unis et solidaires en ces moments difficiles où le régime en perte de vitesse tente de diviser ethniquement les burundais ;
  • De déclarer tous les cas de disparitions forcées constatées dans les familles ;
  • De continuer la résistance contre le troisième mandat inconstitutionnel de Monsieur Pierre Nkurunziza.

Fait à Bujumbura le 09 février 2016

Pour le FOCODE ; 

Sé Pacifique NININAHAZWE

            Président