« Les autorités burundaises doivent faire la lumière sur la disparition forcée d’une trentaine de personnes civiles arrêtées par l’armée burundaise dans la rafle de Mutakura le soir du 04 décembre 2015 ; victimes parmi lesquelles se trouvent Messieurs Epipode NGABIRANO, Elvis NKUNDWA, Cassien MVUYEKURE, Albert NDUWIMANA, Papy NDAYISHIMIYE, Emmanuel NTAHOMVUKIYE et Thierry NIJIMBERE ».
Dans le cadre de sa « Campagne NDONDEZA contre les disparitions forcées au Burundi », le FOCODE a recueilli des informations et des témoignages sur plusieurs cas de disparitions forcées ayant fait suite à la rafle menée au quartier Mutakura[1] par des éléments de l’armée burundaise, le soir du 04 décembre 2015. Toutes les sources qui se sont confiées au FOCODE (proches de victimes, témoins, habitants de Mutakura) ont évoqué une même estimation des victimes : une trentaine de personnes ont été arrêtées ce soir-là et ne seraient jamais revenues. Une dizaine de noms ont été fournies au FOCODE qui à son tour n’a pu identifier que huit victimes, à savoir : Epipode NGABIRANO, étudiant à l’Ecole normale supérieure (ENS) et militant du parti MSD, Elvis NKUNDWA et Cassien MVUYEKURE, deux jeunes responsables du Mouvement SCOUT et sympathisants du MSD, Albert NDUWIMANA, jeune élève de l’école secondaire, Papy NDAYISHIMIYE et Emmanuel NTAHOMVUKIYE, deux militants du parti FNL d’Agathon RWASA[2] résidents dans le quartier Bukirasazi de la zone urbaine de Kinama[3], Léonidas NGENDAKURIYO, boutiquier à Mutakura et sympathisant du MSD. La rafle a été menée par des militaires dirigés par feu Lieutenant-Colonel Darius IKURAKURE, alors commandant du Bataillon génie de combat du Camp Muzinda, de connivence avec certains policiers, des responsables administratifs locaux et des miliciens Imbonerakure. Les victimes ont été emmenées dans des véhicules militaires et de la police dans des endroits jusqu’ici inconnus. Des familles des victimes ont été rançonnées et soumises à de graves dans les jours suivant la rafle. La rafle de Mutakura a servi de prélude à plusieurs autres rafles et opérations meurtrières dans les quartiers de Bujumbura réputés comme les plus impliqués dans la contestation du troisième mandat du président Nkurunziza. Comme dans la quasi-totalité des cas de disparitions forcées, les autorités burundaises n’ont mené aucune enquête sur la rafle de 04 décembre 2015 à Mutakura et sur la disparition forcée des personnes arrêtées.
L’enquête de la Campagne NDONDEZA s’est focalisée sur les circonstances de la rafle du 04 décembre 2015 à Mutakura, l’identification des victimes, le calvaire des familles des victimes et l’identification de présumés responsables ; elle termine par une série de recommandations. La Campagne NDONDEZA continue le travail de recueil des informations sur les autres victimes de la rafle.
(Article en cours de rédaction pour la suite)
[1] Un quartier au nord de la ville de Bujumbura considéré comme un des plus actifs dans la contestation populaire du troisième mandat de Pierre Nkurunziza en 2015.
[2] La branche des FNLs dirigée par Agathon Rwasa a été agréée en 2019 comme un nouveau parti politique dénommé Congrès National pour la Liberté, CNL.
[3] Ils ont été arrêtés à Mutakura alors qu’il traversait le quartier pour se rendre dans Bukirasazi, toutefois en 2015 ils avaient manifesté à Mutakura.