« Les autorités burundaises doivent faire la lumière sur la disparition forcée de Messieurs Olivier NDAYISHIMIYE, Dieudonné NDUWAYEZU et Térence MANIRAKIZA, trois militants du parti CNL enlevés par des agents du SNR les 18 et 19 mars 2018 à Gitega ».
Dans le cadre de sa « Campagne NDONDEZA contre les disparitions forcées au Burundi », le FOCODE a recueilli des informations et des témoignages sur la disparition forcée de trois militants du parti CNL – messieurs Olivier NDAYISHIMIYE, Dieudonné NDUWAYEZU et Térence MANIRAKIZA – introuvables depuis leur arrestation sous forme d’enlèvement par des agents du Service national de renseignement en province de Gitega les 18 et 19 mars 2018. Selon plusieurs sources, l’enlèvement a été opéré au chef-lieu de la province Gitega et les victimes auraient été détenues pendant une dizaine de jours dans une maison appartenant au responsable provincial du SNR, Jovin CISHAHAYO à l’époque.
Ce dossier revêt un caractère particulier d’autant plus que une quatrième personne, Emmanuel NDAYISHIMIYE, enlevée et secrètement détenue de la même manière que les trois victimes, a pu échapper échapper à la séance d’exécution et témoigner du sort de ses compagnons d’infortune. Comme dans la quasi-totalité des cas de disparitions forcées documentés par la Campagne NDONDEZA, les autorités citées dans ce dossier n’ont pas été auditionnées sur leur rôle dans les crimes évoqués dans cette enquête.
A. Identités des victimes
- Olivier NDAYISHIMIYE est né en 1989, sur la colline Kibiri, zone Mungwa de la commune Gitega en province de Gitega. Célibataire, il est le fils de Tite BARANDAGIYE et de madame Rose. Il a obtenu son diplôme de baccalauréat à la faculté des sciences économiques et administratives de l’Université du Burundi. Jusqu’à sa disparition forcée, il était employé comme gérant du secrétariat public New Informatic’s Technical Service de Magarama et résidait au quartier Shatanya à Gitega. Olivier NDAYISHIMIYE est un militant du parti de l’opposition CNL dirigé par Agathon RWASA. Il n’avait pas de responsabilités dans les organes de ce parti et n’avait pas participé aux manifestations contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA en 2015.
- Dieudonné NDUWAYEZU est né en 1986 sur la colline Bihanga, zone Mungwa, commune Gitega dans la province de Gitega. Marié et père de 2 enfants, Dieudonné Nduwayezu est le fils de Vincent NSHIMIRIMANA et d’Orupa NTIRANYIBAGIRA. C’était un jeune homme qui savait se débrouiller dans la vie selon ses amis : la journée, il assurait le transport rémunéré des personnes sur sa moto à partir du parking situé tout près de la station à essence connu comme « KWA FILIPO » au quartier Shatanya ; le soir, il poursuivait des études à l’Institut Supérieur Paramédical de Gitega (ISPG). Dieudonné NDUWAYEZU est un militant du nouveau parti CNL, sans responsabilités particulières dans les organes du parti, et n’a pas participé dans les manifestations contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA.
- Térence Manirambona, né en 1988, est également originaire de la zone Mungwa, commune Gitega dans la province de Gitega. Célibataire et sans enfant, il avait obtenu son baccalauréat à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université du Burundi. Jusqu’au moment de sa disparition forcée, il était employé comme dactylographe à la société New Informatic’s Service de Magarama et résidait au quartier Nyabisindu. Membre du parti CNL, nos sources sont unanimes que la victime n’avait pas de responsabilités au sein de cette formation politique et qu’il n’avait pas pris part aux manifestations de 2015.
B. Circonstances de la disparition forcée des trois militants du parti CNL
- L’enlèvement des trois militants du parti CNL, de même que celui de leur collègue Emmanuel NDAYISHIMIYE, se déroule en trois épisodes. Dans l’avant-midi du 18 Mars 2019, Olivier NDAYISHIMIYE, gérant du NEW INFORMATIC’S TECHNICAL SERVICE, un secrétariat public appartenant à un certain Jules NIYONGERE, veut faire des courses en ville. Il prend une moto-taxi et le motocycliste s’appelle Dieudonné NDUWAYEZU. Il ne savait pas qu’il était filé par des agents du SNR. Nos sources ne sont pas précises sur le lieu et l’heure de l’enlèvement d’Olivier et Dieudonné.
- Aussitôt arrêtés, ils ont été conduits au quartier Magarama au secrétariat public NEW INFORMATIC’S TECHNICAL SERVICE. Lesdits agents du SNR dévalisèrent le secrétariat de la quasi-totalité de son matériel informatique et bureautique. Certains des biens emportés sont : deux ordinateurs portables, deux ordinateurs de bureau, une imprimante EPSON L805, deux imprimantes HP LAZERJET, deux imprimantes HP Jet d’encre, un appareil photo Canon professionnel, un appareil photo Nikkon simple, une caméra, un amplificateur MAX ainsi que des documents de travail dont des rapports.
- Après ce pillage, Olivier NDAYISHIMIYE et Dieudonné NDUWAYEZU auraient été conduits à Songa (non loin de la ville) dans une maison qui appartiendrait au chef du Service National de Renseignement en province Gitega, Jovin CISHAHAYO, où ils ont été secrètement détenus.
- Le même jour, Emmanuel NDAYISHIMIYE, un autre employé du secrétariat, reçut un appel téléphonique. Au bout du fil il reconnut la voix, c’était Olivier NDAYISHIMIYE, son collègue. Il lui aurait dit qu’il avait eu un accident vers Songa, au moment où il fuyait des policiers à sa trousse. Olivier aurait alors demandé à Emmanuel de lui apporter une pommade. Emmanuel NDAYISHIMIYE n’a pas tardé à trouver la pommade et à partir au lieu indiqué. Il aurait été cueilli dès son arrivée, par des agents du renseignement burundais, emmené dans un lieu secret à bord d’une voiture Toyota de type TI aux vitres teintées[1].
- Le lendemain, 19 Mars 2019, le même traquenard utilisé pour arrêter Emmanuel NDAYISHIMIYE fut réédité pour tendre le piège à un troisième employé du secrétariat public NEW INFORMATIC’S TECHNICAL SERVICE, en la personne de Térence MANIRAMBONA. Il aurait été appelé par Olivier NDAYISHIMIYE avec la même demande de lui venir en aide avec une pommade pour masser sa jambe accidentée dans une fuite devant des policiers qui cherchaient à l’arrêter, le lieu restant toujours Songa. Térence tomba dans ce piège et disparut.
- En suivant le fil des événements, notamment l’arrestation d’Emmanuel et Térence, les amis et proches des victimes sont convaincus que les bourreaux de Dieudonné NDUWAYEZU et d’Olivier NDAYISHIMIYE ont ordonné à Olivier d’utiliser son propre téléphone et d’appeler ses collègues afin que le SNR puisse mettre la main sur eux.
C. Plus victimes de l’appartenance politique de leur employeur que de leur propre militantisme.
- Quoique des amis et des proches des victimes confirment l’appartenance des quatre jeunes hommes au principal parti d’opposition CNL, les informations parvenues au FOCODE ainsi que le témoignage de l’unique rescapé Emmanuel NDAYISHIMIYE, qui réapparut en date du 05 Avril 2019, soit dix-huit (18) jours après son arrestation-enlèvement, l’interrogatoire des agents du renseignement burundais se serait beaucoup concentré sur les relations qu’elles avaient avec leur employeur Jules NIYONGERE et l’endroit où il se trouvait à ce moment-là. A ce propos, Iwacu écrit « Emmanuel Ndayishimiye a révélé à sa famille que « des inconnus venaient tout le temps dans ma cellule de détention pour me dire que si je ne donne pas l’adresse de mon patron, Jules Niyongere, je ne serai jamais relâché». Ce dernier est un ancien démobilisé des FNL d’Agathon Rwasa[2]».
- Les téléphones des victimes auraient été minutieusement fouillés à la recherche du moindre indice qui pouvait aider dans la localisation de Jules NIYONGERE mais sans succès. Jules NIYONGERE est un ancien combattant de l’ancienne rébellion du PALIPE-Hutu FNL, il a été démobilisé en 2009 après la signature de l’accord de cessez-le-feu entre ce mouvement et le gouvernement du CNDD-FDD en 2008. Lorsque le mouvement s’est transformé en parti politique, Jules NIYONGERE est resté membre du parti Forces Nationales de Libération (FNL) pro Agathon RWASA et il est pour le moment membre du CNL.
D. Réapparition d’Emmanuel NDAYISHIMIYE et son témoignage.
- En date du 05 Avril 2019, sur la colline Mirama, zone Mubuga, à la rive de la rivière Ruvubu, des habitants qui se rendaient dans les champs trouvèrent un jeune homme aux mains menottées et au visage bandé. Son nom : Emmanuel NDAYISHIMIYE. Il avait miraculeusement échappé à une exécution la nuit précédente et il raconta son calvaire à ces habitants de Mirama qui décidèrent de le remettre aux militaires de la position la plus proche. Voici le témoignage tel que rapporté par le journal Iwacu[3]:
L’horreur racontée par Ndayishimiye.
Jeudi 4 avril.
C’est vers 23 heures, la veille, que M. Ndayishimiye est embarqué dans une voiture. Il a les yeux bandés et menotté. Ceux qui l’emmènent, des hommes en tenue policière, lui disent qu’il va être « transféré à Bujumbura. » Jusque-là, il était détenu quelque part dans une maison au chef-lieu de la province Gitega.
Le jeune homme n’a rien oublié de ce terrible voyage. Alors qu’ils roulent, au bout d’un moment, leur véhicule ralentit. Une barrière. Un homme, certainement un policier, veut contrôler le véhicule. Ces autres « policiers » se moquent de lui, d’un ton menaçant. « Comme tu aimes contrôler…Trouves-tu que c’est un mini bus « Hiace » de transport ou une voiture « Probox » ? Terrorisé, il comprend que le policier a levé la barrière car leur voiture repart.
Quelques minutes après, la voiture qui l’emmène emprunte une route en terre battue. Emmanuel Ndayishimiye prend peur.
Il comprend que ce n’est pas « un transfert vers Bujumbura. » Il connaît le trajet Gitega-Bujumbura. La route est macadamisée. Il tente d’ôter le foulard qui recouvre son visage. Sans succès. Mais après plusieurs tentatives, il y parvient un peu. D’un œil, il peut voir à l’extérieur.
Il reconnaît les lieux. La voiture vient de s’engager sur la route qui passe par le pied de la colline Mirama, non loin de la rivière Ruvubu.
C’est à ce moment qu’il comprend que tout est fini pour lui. A ses côtés, il voit qu’il est avec deux autres jeunes bandés et menottés comme lui. Le véhicule qui les embarque est de type « Hilux. »
L’exécution.
Le Hilux s’arrête. Les ravisseurs font sortir un à un les jeunes. Emmanuel Ndayishimiye arrive à reconnaître Olivier Ndayishimiye et Térence Manirambona. Tous, des collègues à lui dans un secrétariat public au quartier Magarama près du chef-lieu de la commune Gitega.
Arrive alors son tour. Alors qu’un des ravisseurs ouvre la portière du Hilux, un autre véhicule survient de la direction de Mubuga. Il s’arrête et allume les phares à longue portée.
Le lieu du meurtre est éclairé. Visiblement gênés par la voiture inattendue, les ravisseurs paniquent. Ils referment le véhicule et se dirigent vers la voiture dont les phares éclairent la nuit. Dans leur précipitation, ils oublient de bloquer les portières.
Emmanuel Ndayishimiye en profite, sort de la voiture et court vers la Ruvubu et se terre dans les roseaux qui bordent la rivière.
Peu après, les ravisseurs reviennent. Ils cherchent, fouillent la brousse tout en passant des coups de fil de temps à autre, en criant que «la mission a été accomplie sauf un seul qui vient de disparaître».
Vers 4 heures du matin, craignant que le jour se lève sur eux, ils abandonnent les recherches. Dans l’eau, M. Ndayishimiye s’accroche toujours sur des roseaux. C’est à l’aube qu’il est retrouvé en piteux état par des habitants de Mirama qui se rendent aux champs. Ceux-ci, après l’avoir entendu, vont le remettre à une position militaire érigée au barrage hydroélectrique de la Ruvubu.
Le commandant de cette position décide de prévenir la famille de Ndayishimiye. Celle-ci vit à la colline Bwoga, à près d’une vingtaine de kilomètres de là.
- Le témoignage d’Emmanuel est d’autant plus vrai que dans la matinée du 10 Avril les habitants de la même colline de Mirama ont repêché un cadavre d’un homme dont le visage était bandé avec un foulard blanc et l’ont enterré dans un champ près de la rivière. Selon les témoignages concordants, il est très probable qu’il soit celui d’Olivier NDAYISHIMIYE ou de Térence MANIRAMBONA, à en croire la description fournie par le rescapé. Néanmoins, des informations qui sont parvenues au FOCODE indiquent que des personnes inconnues seraient venues plus tard, auraient déterré le cadavre et l’auraient déplacé dans un autre lieu jusqu’ici inconnu.
E. Présumés auteurs de la triple disparition forcée
- Le comportement des agents du SNR à Gitega et des autorités policières, plus particulièrement le commissaire provincial, OPC1 Delachance HARERIMANA, en dit long sur l’implication des corps de sécurité dans cette triple disparition. D’après les informations concordantes recueillies par le FOCODE dans le cadre de la présente enquête, les personnes impliquées sont notamment:
- Jovin CISHAHAYO, alors chef du Service National de Renseignement en province de Gitega. Après leur arrestation, les victimes auraient été secrètement détenues dans une maison se trouvant sur la colline Songa, près de la ville de Gitega, laquelle maison appartiendrait à Jovin CISHAHAYO. De même, la voiture Toyota TI aux vitres teintées utilisée dans l’arrestation d’Emmanuel NDAYISHIMIYE en date du 18 Mars 2019 appartiendrait au même chef du SNR à Gitega. Jovin CISHAHAYO est déjà cité dans plusieurs autres cas de violations de droits humains y compris des meurtres et des disparitions forcées, surtout lorsqu’il était chef du SNR en province de Rutana.
- OPC1 Delachance HARERIMANA: l’implication personnelle du commissaire provincial apparait au grand jour avec la réapparition d’Emmanuel NDAYISHIMIYE. En effet, selon le reportage du Journal Iwacu, il est clair que M. HARERIMANA était profondément troublé par cette réapparition et a cherché à le faire disparaitre de nouveau. Pourquoi un tel acharnement du commissaire HARERIMANA sur Emmanuel NDAYISHIMIYE ? Peut-être qu’il ne voulait pas que ce rescapé livre son témoignage. Voici l’extrait du reportage :
[…] Mais sur ces collines, les nouvelles vont vite. D’après elle, Delachance Harerimana, le commissaire de police en province Gitega, débarque sur place quelques minutes après. Son attitude est surprenante. Il paraissait agacé de voir tout ce monde. « Pourquoi êtes-vous ici ? Etes-vous d’ici ou bien ?»
Il veut emmener avec lui Emmanuel Ndayishimiye ‘‘pour des enquêtes’’. Le commandant militaire accepte de le lui remettre mais exige d’attester la réception du jeune homme par écrit.
Le commissaire Harerimana ne semble pas d’accord. Il feint d’aller chercher une clé pour déverrouiller les menottes qui entravent toujours le jeune homme et « repart sur le coup sans plus dire un mot».
Le reste des événements est comme un film. Vers 14h, ce vendredi, le commandant décide d’accompagner la famille au chef-lieu de la province Gitega. Emmanuel Ndayishimiye est remis à un officier de police judiciaire pour instruction.
Il l’interrogera jusque vers 21 heures du soir et décidera de le relâcher. Il est mal en point, des enflures sur tous le corps et une grosse blessure sur la jambe droite. Sa famille et compagnons repartent chez eux avec le leur et prennent la direction du centre de santé de Bwoga pour chercher des soins médicaux. « Nous étions heureux de retrouver le nôtre».Toutefois, sur le chemin de retour, ils revoient et reconnaissent une voiture communément appelée TI à bord de laquelle était le commissaire de cet avant-midi. Elle les dépasse.
Peu après, l’OPJ qui a relâché Ndayishimiye les rattrape. « Vous êtes encore-là ?». Il embarque sur sa moto Emmanuel Ndayishimiye jusqu’au centre de santé de Bwoga. Pas pour longtemps.
Le commissaire emmène le malade
Quand la famille y arrive, peu après, le commissaire est déjà sur place et les empêche d’entrer. « Au bout de quelques minutes, nous avons vu notre malade muni d’un sérum et l’infirmier qui l’avait accueilli sortir et monter manu militari dans la voiture du commissaire. Le commissaire nous a dit que le malade va être soigné à l’hôpital ».
- Emmené par ce commissaire, Emmanuel NDAYISHIMIYE va encore une fois disparaitre, le commissaire refusera tout contact avec la famille et avec les journalistes, même comportement du côté du porte-parole de la police nationale. Tel un film de science-fiction, Emmanuel NDAYISHIMIYE sera déposé par des agents du SNR au bureau de la commune Gitega en date du 25 Avril 2019 où sa famille a pu le récupérer. Néanmoins, le FOCODE reste préoccupé pour sa sécurité.
F. Efforts déployés par les familles des victimes pour retrouver les disparus.
- Dans le contexte prévalant au Burundi depuis Avril 2015, il relève d’un courage exceptionnel de la part des membres des familles des victimes pour oser demander le sort des leurs, sachant qu’elles ont été arrêtées soit par le SNR, soit par des éléments de la police nationale ou de l’armée, soit par des miliciens Imbonerakure. L’existence des cachots secrets rendent aussi très compliqué le travail de recherche.
- Les familles ont bravé tous les dangers, ont fait fi des menaces pesant sur elles pour se lancer à la recherche des leurs dans les lieux de détention officiels mais n’ont trouvé aucun indice pouvant les renseigner sur le sort des quatre hommes. Les réseaux sociaux ont été mis à contribution mais les organes de l’Etat qui les détenaient sont restés muets. Ce silence est devenu davantage plus surprenant et plus insupportable après les deux réapparitions d’Emmanuel NDAYISHIMIYE. En effet, pour la toute première fois, un survivant d’une opération de disparition forcée témoignait et devenait une preuve irréfutable de l’implication des organes de l’Etat dans les disparitions forcées observées au Burundi depuis 2015.
- Le témoignage sans appel d’Emmanuel NDAYISHIMIYE sur la détention secrète à Songa, l’exécution très probable d’Olivier NDAYISHIMIYE et de Térence MANIRAMBONA pendant la nuit fatidique du 04 Avril à Mirama ainsi que le comportement de la police de Gitega sur le dossier d’Emmanuel NDAYISHIMIYE ont mis fin à tout l’espoir des familles de retrouver vivantes les victimes. Néanmoins, la campagne Ndondeza n’a pas pu avoir des informations sur le sort probable de Dieudonné NDUWAYEZU.
N.B. : Le FOCODE avise ceux qui voudront utiliser d’une manière ou d’une autre les données de cette enquête qu’une partie d’informations a été gardée confidentielle afin de tenter de protéger les sources ou de préserver l’intégrité des différentes preuves qui pourront être utiles aux instances judiciaires ou autres qui pourront traiter le dossier. Ces informations pourront être livrées, sur requête, à tout organe d’enquête jugé indépendant ou toute autre source jugée appropriée à recevoir de telles informations.
G. Recommandations et prise de position du FOCODE.
- Le FOCODE condamne la disparition forcée de MM. Olivier NDAYISHIMIYE, Dieudonné NDUWAYEZU et Térence MANIRAMBONA, militants du parti CNL, introuvables depuis leur enlèvement à Gitega par des agents du Service national de renseignement (SNR) le 18 mars 2019 et leur détention secrète dans une maison qui appartiendrait à M. Jovin CISHAHAYO, alors chef provincial du SNR à Gitega ;
- Le FOCODE condamne l’arrestation sous forme d’enlèvement de Monsieur Emmanuel NDAYISHIMIYE le 19 mars 2019 par des agents du SNR à Gitega, sa double détention secrète, les actes de torture et de traitements inhumains qu’il a subis au cours de sa détention ainsi que l’absence d’une enquête officielle sur son calvaire même après ses déclarations rapportées par le journal IWACU ;
- Le FOCODE condamne le silence persistant des autorités burundaises et l’indifférence totale de la police et de la justice burundaises sur des cas de disparitions forcées et d’autres crimes graves, même quand les auteurs sont clairement identifiés comme des agents de l’Etat ;
- Le FOCODE condamne la persistance des lieux secrets de détention, notamment dans des maisons privées, une pratique illégale qui facilite les disparitions forcées ;
- Le FOCODE demande une enquête indépendante sur tous les cas de disparitions forcées et d’autres crimes soulevés dans cette enquête et sur les rôles joués par les agents de l’Etat et les différentes personnes citées dans ces crimes ;
- Le FOCODE réitère sa demande à la Cour Pénale Internationale d’enquêter profondément sur le phénomène des disparitions forcées devenu récurrent au Burundi et l’engagement des poursuites contre leurs auteurs présumés.
[1] Selon une source à Gitega, la voiture appartiendrait à Jovin CISHAHAYO, alors chef du SNR à Gitega
[2] https://www.iwacu-burundi.org/gitega-des-arrestations-aux-disparitions/?
[3] Journal Iwacu: Op. cit.