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1212Massacre : Disparitions forcées de Laurent Mukezamihigo, Joris Ndaripfane, Jean Hakizimana et Longin Manirambona

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DECLARATION DU FOCODE n° 020 /2018 

 

« Les autorités burundaises doivent sortir du silence et faire la lumière sur les cas de disparitions forcées de Messieurs Laurent MUKEZAMIHIGO, Joris NDARIPFANE, Jean HAKIZIMANA et Longin MANIRAMBONA introuvables depuis leur arrestation dans des endroits divers le 11 décembre 2015 ».

BURUNDI – DISPARITIONS FORCEES

Nécessité d’une enquête indépendante sur le « 1212Massacre » !

Dans le cadre de sa « Campagne NDONDEZA contre les disparitions forcées au Burundi », le FOCODE a recueilli des informations et des témoignages sur quatre cas de disparitions, y compris des cas de disparitions forcées, survenues en date du 11 décembre 2015. Le juge Laurent MUKEZAMIHIGO du Tribunal de résidence de Marangara aurait été arrêté sur une barrière policière érigée à Bugarama alors qu’il était en route pour rendre visite à sa famille à Nyakabiga. Un homme se présentant comme un policier a appelé sa famille pour vérifier l’identité du juge. Laurent MUKEZAMIHIGO n’est pas rentré dans sa famille et n’a jamais été retrouvé par les siens. Laurent MUKEZAMIHIGO ne militait dans aucun parti politique et n’avait pas manifesté contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA ; mais il était originaire de Nyakabiga, un quartier attaqué le même jour par des éléments de l’armée, de la police, du SNR et de la milice Imbonerakure.

Joris NDARIPFANE aurait été arrêté au camp militaire de Ngagara dans la matinée du 11 décembre 2015 alors que le même camp faisait objet d’une attaque armée. La photo de Joris NDARIPFANE couché à bas-ventre, ses bras ligotés derrière le dos, a vite circulé sur les réseaux sociaux pour témoigner de cette arrestation. Joris NDARIPFANE aurait par la suite été remis au Service National de Renseignement (SNR). Les autorités burundaises n’ont pas communiqué sur le sort réservé à Joris NDARIPFANE et celui-ci reste introuvable depuis trois ans. Militant du mouvement PA-Amasekanya[1], Joris NDARIPFANE avait été très actif dans les manifestations populaires contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA. Dans les semaines qui ont précédé son arrestation suivie de sa disparition forcée, la tête de Joris NDARIPFANE était mise à prix par le SNR.

Dans la matinée du vendredi 11 décembre 2015, Jean HAKIZIMANA s’était rendu chez des amis à Kinanira au sud de la ville de Bujumbura. Dans la soirée, il aurait été arrêté par feu Lieutenant-colonel Darius IKURAKURE, alors Commandant du Bataillon génie de combat du Camp Muzinda et coordinateur de la répression dans les quartiers Nord de la ville de Bujumbura. Selon un policier qui se serait confié à des proches de la victime, Jean HAKIZIMANA aurait été brièvement détenu au cachot de la zone municipale de Cibitoke. La même nuit, il aurait été sorti du cachot par le Lieutenant-colonel IKURAKURE pour une destination inconnue. Jean HAKIZIMANA n’a jamais été retrouvé par la suite. Etudiant finaliste de l’Université du Burundi, Jean HAKIZIMANA était militant du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD), un des principaux partis de l’opposition au régime de Pierre NKURUNZIZA.

Longin MANIRAMBONA, travailleur domestique à Kabondo dans la ville de Bujumbura, aurait été arrêté dans la journée du 11 décembre 2015, tout près de la Nonciature Apostolique de Bujumbura, par des éléments du SNR. Bien que ses proches aient payé une certaine somme d’argent à un employé du SNR qui promettait de faciliter la libération de la victime, Longin MANIRAMBONA n’a jamais été retrouvé par les siens. Sympathisant du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD), Longin MANIRAMBONA n’avait pas manifesté contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA.

Ces quatre cas de disparitions forcées sont survenus dans un contexte sécuritaire très tendu. A l’aube du vendredi 11 décembre 2015, des groupes armés non identifiés avaient attaqué des camps militaires dans la ville de Bujumbura et à Mujejuru dans la province de Bujumbura (dit rural). Le même jour des éléments des services de sécurité du Burundi et des miliciens Imbonerakure avaient investi des quartiers dits « contestataires » de Bujumbura et tué beaucoup de jeunes, volé des biens et violé des femmes. Les quartiers les plus ciblés étaient ceux de Musaga, Nyakabiga et Jabe ; quelques cas d’arrestations arbitraires, d’assassinats et de disparitions ont été également signalés dans d’autres quartiers notamment dans les zones urbaines de Ngagara et Cibitoke. Les cadavres des personnes tuées ont été retrouvés le lendemain, c’est-à-dire le 12 décembre 2015, dans les différentes rues des quartiers dits « contestataires », collectés par la des véhicules de la mairie de Bujumbura et enterrés pour la plupart dans des fosses communes. C’est de là qu’est venue l’appellation « 1212Massacre » pour désigner les crimes des 11-12 décembre 2015.

Aucune enquête officielle n’a été menée sur les nombreux crimes du « 1212Massacre ». Par conséquent, le nombre et l’identité des victimes ne sont pas connus, aucun bourreau n’a été poursuivi par la justice. Alors que l’attaque des camps avait eu lieu à l’aube du 11 décembre 2015 et que les combats étaient terminés très tôt dans la matinée, ces quatre cas de disparitions forcées démontrent que les forces de sécurité burundaises et les miliciens Imbonerakure en ont profité pour réprimer encore une fois les quartiers dits « contestataires » dont certains n’abritaient aucun camp militaire et liquider plusieurs personnes considérées comme des opposants au régime NKURUNZIZA. Cette répression n’a pas affecté les seuls quartiers de Bujumbura, elle a touché même des voies menant vers Bujumbura comme le montre la disparition du juge Laurent MUKEZAMIHIGO.

Encore une fois, le FOCODE demande une enquête globale et indépendante sur les crimes commis dans le cadre du « 1212Massacre » les 11-12 décembre 2015.

 

A. Disparition de Monsieur Laurent MUKEZAMIHIGO

 

A.1. Identification de la victime

  1. Fils de Joseph SINDERIBUYE et de Cécile AKIMANA, Laurent MUKEZAMIHIGO est né le 15 août 1971 à Nyakibaga, une des zones de la ville de Bujumbura. Célibataire, Laurent MUKEZAMIHIGO résidait au chef-lieu de la commune Marangara en province de Ngozi où il exerçait ses fonctions de juge au Tribunal de résidence de Marangara. Il avait également été juge au Tribunal de résidence de Ruhororo (une autre commune de Ngozi) avant d’être muté à Marangara. Les proches de Laurent MUKEZAMIHIGO le décrivent comme un homme très simple, paisible et très gentil.
  1. Laurent MUKEZAMIHIGO n’avait pas d’affiliation à un parti politique et n’avait pas participé aux manifestations de 2015 contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA. En effet, les magistrats n’ont pas le droit d’adhérer aux partis politiques au Burundi. Toutefois, le fait d’être originaire de Nyakabiga, un des bastions de la contestation populaire de 2015, pouvait créer des ennuis au juge Laurent MUKEZAMIHIGO. Plusieurs mois après les manifestations de 2015, des personnes originaires des quartiers dits « contestataires » ont continué à faire objet de tracasseries sur des barrières policières érigées sur la route Bujumbura-Kirundo. Beaucoup de passagers ont été souvent retirés des bus de transport après que des policiers (ou même des miliciens) avaient trouvé la mention « Nyakabiga », « Musaga » ou « Ngagara » sur leurs cartes nationales d’identité. Certains de ces passagers pouvaient être libérés après quelques heures, d’autres conduits dans des cachots du SNR tandis que certains autres ont purement et simplement disparu. Il est possible que le juge Laurent MUKEZAMIHIGO ait été victime du fait d’être originaire de Nyakabiga.

A.2. Contexte de la disparition de Laurent MUKEZAMIHIGO

  1. Le 11 décembre 2015 à 12h56, un proche de Laurent MUKEZAMIHIGO a reçu un appel téléphonique de la part d’un homme qui s’est présenté comme un policier en poste à la position de Bugarama[2]. Le policier voulait vérifier l’identité de la victime, le proche de Laurent MUKEZAMIHIGO a confirmé tous les éléments de cette identité. Selon les informations reçues par la famille de la victime, la même personne aurait également appelé des collègues de la victime à Marangara pour se rassurer que c’était réellement un juge du Tribunal de résidence de Marangara.
  1. Après l’appel du « policier de Bugarama », la famille de Laurent MUKEZAMIHIGO a attendu son arrivée jusque tard dans la soirée, le juge n’est pas rentré à Nyakabiga. Un proche a appelé le « policier de Bugarama » pour s’enquérir du sort réservé à Laurent. Le policier aurait répondu qu’il avait immédiatement libéré le juge après avoir vérifié son identité. Il aurait ensuite ajouté que Laurent MUKEZAMIHIGO avait de nouveau été arrêté quelque temps après sa libération à Bugarama par des policiers de la garde rapprochée du Commissaire provincial de la police à Bujumbura (rural), Ayubu SINDAYIGAYA. Laurent aurait été arrêté de même que plusieurs autres personnes et détenus dans un cachot non officiel qui se trouverait sur la même route Bujumbura-Bugarama. Le « policier de Bugarama » aurait conseillé à la famille de Laurent MUKEZAMIHIGO d’aller voir le commissaire Ayubu SINDAYIGAYA et de lui demander où se trouvait le juge.
  1. La famille de Laurent MUKEZAMIHIGO ne pouvait rien faire dans la soirée du 11 décembre 2015. Nyakabiga avait été attaqué, la population était tétanisée par la peur, personne ne sortait de cette zone. Dans les jours qui ont suivi, des proches se sont rendus à Bugarama et à Muramvya pour vérifier si le juge MUKEZAMIHIGO n’était pas détenu dans les cachots de ces localités. Par le truchement de certains agents du SNR, une vérification aurait également été faite dans un cachot secret de la zone urbaine de Kamenge, Laurent n’y était pas. Par crainte des représailles, la famille ne s’est pas adressée au Commissaire Ayubu SINDAYIGAYA et n’a pas porté plainte.
  1. En plus des recherches menées dans les différents cachots (officiels et secrets), les proches de la victime ont lancé une alerte sur des réseaux sociaux. La Campagne NDONDEZA a également lancé une alerte sur demande de la famille[3]. Les alertes n’ont reçu aucune suite.
  1. En dépit du statut de magistrat de la victime, les autorités burundaises n’ont rien fait pour retrouver Laurent MUKEZAMIHIGO ni pour châtier les auteurs de sa disparition. Le Ministère de la Justice dont il dépendait n’a sorti aucune communication sur la disparition du juge Laurent MUKEZAMIHIGO. La famille de la victime n’a reçu aucune assistance de l’Etat.

B. Disparition de Monsieur Joris NDARIPFANE

 

B.1. Identification de la victime

  1. Fils de Salvator NDARIPFANE et Chantal KANEZA, Joris NDARIPFANE est né en 1988 dans la zone urbaine de Kinama, au nord de la ville de Bujumbura. Célibataire, Joris NDARIPFANE n’avait pas d’emploi tout comme la majeure partie de la jeunesse burundaise. Il résidait au numéro 100 de la 14eme avenue en zone urbaine de Cibitoke au moment de son arrestation suivie de sa disparition forcée le 11 décembre 2015.
  2. Selon des sources au sein de sa famille, Joris NDARIPFANE ne militait dans aucun parti politique. Il faisait cependant parti du mouvement Puissance d’Autodéfense PA-Amasekanya dont il était le représentant des jeunes dans les quartiers de Mutakura, Ngagara et cibitoke.
  1. Au moment des manifestations populaires de 2015 contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA, Joris NDARIPFANE avait activement participé à ces dernières aux côtés des autres jeunes de son quartier. Son engagement remarquable contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA lui avait valu une traque ininterrompue de la part du SNR.

B.2. Contexte de la disparition forcée de Monsieur Joris NDARIPFANE

  1. Depuis que le mouvement des manifestations contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza s’était estompé, Joris NDARIPFANE était activement recherché par le Service National de Renseignement pour son implication et ses fortes capacités de mobilisation dans les manifestations. Certaines informations faisaient même état d’une probable mise à prix de sa tête par l’officier du SNR Joseph Mathias NIYONZIMA alias Kazungu ; un montant de cinq millions de francs burundais (BIF 5.000.000) aurait été promis à celui qui allait le capturer.
  2. Grand mobilisateur du quartier, Joris NDARIPFANE avait, en effet, résisté à toutes les offres d’achat  de sa conscience par aussi bien des agents du SNR que ceux du parti UPRONA gouvernemental alors dirigé par Madame Concilie NIBIGIRA. Il ne restait plus qu’à l’arrêter, lui et d’autres mobilisateurs. C’est ainsi que dans la matinée du 15 juin 2015, il échappa de justesse à une arrestation minutieusement préparée par des agents de la police nationale. Ce jour-là, Joris n’aurait eu la vie sauve que parce qu’il n’avait pas passé la nuit chez lui.
  3. Dans la matinée du 11 décembre 2015, Joris NDARIPFANE aurait été arrêté au camp militaire de Ngagara au Nord de la ville de Bujumbura par le commandant dudit camp en la personne du Major Ildefonse HAKIZIMANA, plus connu sous le sobriquet de « Mapike ». Ce dernier aurait déclaré avoir remis Joris NDARIPFANE au commandant du camp marine qui, à son tour, l’aurait remis au Colonel Pascal BANDABA, alors commandant de la police nationale dans la région Ouest. C’est entre les mains du Colonel Pascal BANDABA que Joris aurait été récupéré par un certain Alexis NDAYIKENGURUKIYE alias Nkoroka, actuel responsable du service de la sécurité intérieure au sein du SNR[4]. Une alerte a été lancée sur Twitter sur le risque d’exécution qu’encourait Joris NDARIPFANE[5].
  1. L’image de Joris NDARIPFANE après son arrestation au Camp NGAGARA a fait le tour des réseaux sociaux, le montrant dans une position couchée à bas ventre, les bras ligotés au dos, portant une culotte en vert militaire et une jacket militaire, à côté d’une autre personne non identifiée :
  2. L’existence de l’image de Joris NDARIPFANE après son arrestation au camp Ngagara a suscité de l’espoir dans sa famille tout en créant une situation embarrassante pour les autorités burundaises. La famille avait la preuve que Joris était vivant au moment de son arrestation ; avec cette preuve, la famille a pu s’adresser au Commandant du camp Ngagara qui aurait confirmé qu’il avait transféré le détenu à d’autres organes de sécurité. Grâce à cette preuve, des activistes et des internautes n’ont cessé de demander aux autorités burundaises de clarifier la situation de Joris NDARIPFANE. Dès le lendemain de cette arrestation, le président du FOCODE a interpellé directement le Président NKURUNZIZA[6] en lui demandant d’épargner la vie de Joris dont différentes sources confirmaient la détention par le SNR[7]. Embarrassées, les autorités burundaises ont en quelque sorte brisé le silence sur le cas de Joris NDARIPFANE le 24 décembre 2015 : à travers une déclaration du Parquet Général de la République rendue publique par la secrétaire générale et porte-parole de la Cour Suprême, sur l’assassinat de la famille du cameraman Christophe NKEZABAHIZI de la Radio-Télévision Nationale du Burundi (RTNB) : Madame Agnès BANGIRICENGE a annoncé que le cameraman et sa famille avaient été tués par un groupe de jeunes délinquants dirigés par un jeune homme du nom de Joris. Selon la même autorité, Joris était « dans les mains de la justice ». Même si Madame BANGIRICENGE n’a pas précisé l’identité de ce « Joris », l’opinion publique ainsi que des proches de la victime ont bel et bien retenu qu’il s’agissait de Joris NDARIPFANE.
  1. A la fin de 2015, dans une séance de dialogue direct radiodiffusé[8] entre le Président NKURUNZIZA et la population, Pierre NKURUNZIZA s’est exprimé sur l’assassinat de la famille du journaliste Christophe NKEZABAHIZI et a promis que les auteurs de l’assassinat allaient être jugés dans les deux semaines qui suivaient. Cette déclaration avait suscité beaucoup d’espoir dans la famille de Joris NDARIPFANE qui espérait que le leur allait enfin apparaître de nouveau, même si ce serait devant la justice.
  1. L’espoir de la famille de Joris NDARIPFANE est vite retombé. D’une part, le procès des assassins de la famille du journaliste Christophe NKEZABAHIZI n’a jamais eu lieu ; d’autre part, lorsque plusieurs personnes détenues illégalement dans les cachots du SNR ont été présentées au parquet le 19 janvier 2016 avant d’être transférées à la prison centrale de Mpimba[9], Joris NDARIPFANE n’en faisait pas partie. Aucune communication officielle n’a plus évoqué le nom de Joris. Trois ans après, il ne reste que la photo de Joris NDARIPFANE arrêté au camp Ngagara ; aucune autorité ne veut clarifier le sort réservé au détenu depuis cette arrestation.
  1. Il importe de noter le cas d’un compte Facebook dénommé « Mvako Mvako » qui avait annoncé le 13 décembre 2015 que Joris NDARIPFANE avait été exécuté d’une balle dans la tête selon une source au SNR[10].

B.3. Calvaire de la famille après la disparition forcée de Joris  NDARIPFANE

  1. Les proches de Joris NDARIPFANE vivent un véritable calvaire depuis la disparition forcée de la victime. Depuis le 11 décembre 2015, ils sont confrontés à de nombreuses informations contradictoires, officielles et non officielles, les unes affirmant la mort de Joris et d’autres défendant que Joris soit encore en vie. Trois ans après la disparition de son fils, la mère de Joris NDARIPFANE vit avec un tel chagrin qu’elle a rapidement développé une hypertension artérielle et qu’elle continue à se demander si elle doit commencer le deuil ou continuer à chercher.
  1. Dès le lendemain de l’arrestation de Joris NDARIPFANE, les proches de la victime se sont adressées au commandant du camp Ngagara et à toutes les autorités par lesquelles la victime aurait passé. A plusieurs reprises, la mère de la victime s’est présentée au siège du SNR à la recherche de son fils. Des recherches ont été menées également dans les cachots du Bureau Central de Recherche (BCR) et d’autres cachots de Bujumbura. Chaque fois qu’un corps sans vie a été déclaré à Bujumbura, la famille de Joris s’est présentée pour vérifier si ce n’était pas le leur. Quand une rumeur a évoqué la détention secrète de Joris NDARIPFANE dans une maison de Gatoke[11], des proches ont organisé une sorte de surveillance de la maison. Le 19 janvier 2016, les proches de la victime étaient présents au parquet de Bujumbura lorsque plusieurs personnes étaient curieusement libérées des cachots du SNR pour être présentées au procureur. La famille s’est adressée à la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH). Toutes ces démarches ont été vaines. Joris NDARIPFANE reste introuvable.
  1. La famille de la victime a, à son tour, subi des menaces. A titre illustratif, le 05 février 2016, un chef d’une position militaire érigée à la 14ème avenue du quartier Cibitoke (au nord de la ville de Bujumbura) a été abattu par des personnes non identifiées. Quelques temps après, des militaires du Bataillon génie de combat alors commandé par feu Lieutenant-colonel Darius IKURAKURE ont investi les lieux aux alentours de la position en défonçant et saccageant des maisons. Une des maisons a été particulièrement visée : celle de Madame Chantal KANEZA, la mère de Joris NDARIPFANE, accusée d’abriter des rebelles. Elle a pu s’échapper en sautant d’une fenêtre de la maison ; à son retour elle a trouvé sa maison sens dessus sens dessous, des biens et de l’argent avaient été volés. C’est alors qu’elle s’est résolue à fuir le Burundi, de même qu’une majeure partie de sa famille. D’un ton mélancolique, cette mère de famille poussée à l’exil indique que chaque fois qu’elle se souvient de son fils ou qu’elle entend parler de lui, ou encore lorsqu‘elle pense aux conditions de vie en exil, elle tombe en crise d’hypertension au point de frôler la mort.

C. Disparition de Monsieur Jean HAKIZAMANA alias « Rupfu ».

 

C.1. Identité de la victime

  1. Fils d’Antoine SINDAKA et d’Agrippine GAKIZA, tous décédés, Jean HAKIZIMANA plus connu dans son quartier sous le pseudonyme de « Rupfu » est né en 1988 sur la colline Murambi de la commune et province Muramvya, au centre du pays. Au moment de sa disparition forcée, la victime résidait au numéro 60 de la 12eme avenue du quartier Cibitoke, actuelle commune urbaine de Ntahangwa, au nord de la ville de Bujumbura;
  2. Fils unique, orphelin de père et de mère alors qu’il était encore en bas âge, Jean HAKIZIMANA avait d’abord grandi chez son grand-père avant d’être récupéré par son oncle maternel à la mort du grand-père. Il est resté chez son oncle jusqu’à sa disparition le 11 décembre 2015. Entre 2010 et 2011, Jean HAKIZIMANA avait tenté une émigration en Afrique du Sud, une expérience très malheureuse qui aurait été suivie d’une forte dépression. Il aurait été sauvé par une connaissance qui l’aurait ramené de la Zambie au Burundi. Au retour, il avait pu continuer ses études au département des langues et littératures anglaises de l’université du Burundi. Il a disparu alors qu’il était en train de rédiger son mémoire de fin d’études. Célibataire, Jean HAKIZIMANA n’a pas laissé d’enfants selon ses proches.
  3. Probablement affecté par la perte de ses deux parents en très bas-âge et par les difficultés rencontrées lors de sa tentative malheureuse d’émigration en Afrique du Sud, Jean HAKIZIMANA souffrait d’une certaine dépendance à l’alcool selon les sources du FOCODE. Lorsqu’il avait bu, selon ses proches, Jean HAKIZIMANA bavardait beaucoup et passait parfois des nuits entières à faire des tours dans son quartier ou dans la parcelle.

C.2. Affiliation politique de Jean HAKIZIMANA

  1. Selon ses proches, Jean HAKIZIMANA était simple militant du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie, MSD, sans aucune responsabilité particulière au niveau des instances dirigeantes du Parti.
  2. Les mêmes sources indiquent que la victime n’avait pas participé aux manifestations contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA, une attitude qui tranche singulièrement avec les autres jeunes de son âge en général et les militants du MSD en particulier. Les raisons avancées par ses proches pour justifier l’indifférence affichée par Jean HAKIZIMANA face au mouvement des manifestations de 2015 sont notamment la fréquentation des bistrots suite à une certaine dépendance à l’alcool et les recherches liées à son travail de fin d’études universitaires.
  3. Bien qu’il n’ait pas participé aux manifestations contre le troisième mandat de Pierre NKURUNZIZA, Jean HAKIZIMANA était acquis à la cause de ces manifestations, en témoigne une altercation du 05 juin 2015 entre lui et des policiers en patrouille dans son quartier à qui il reprochait d’entraver sans raisons le droit de la population à manifester. Ce jour-là en effet, les policiers ont failli l’arrêter mais il échappa de justesse à cette arrestation. Il aurait été sauvé par la présence des journalistes qui filmaient cet incident.

C.3. Contexte de la disparition de Jean HAKIZIMANA

  1. Le matin du 11 décembre 2015, Jean HAKIZIMANA alias « Rupfu » s’était rendu dans la zone urbaine de Musaga pour rendre visite à des amis, selon ses proches. Dans la soirée, il aurait été arrêté par le Lieutenant-colonel Darius IKURAKURE, alors Commandant du Bataillon génie de combats du camp Muzinda. Les proches de la victime ne savent de manière précise si Jean HAKIZIMANA a été arrêté dans la zone Musaga ou à son retour chez lui à Cibitoke. La famille a juste reçu les confidences d’un policier posté à la zone Cibitoke que la victime avait été amené au cachot de la zone Cibitoke et que le Lieutenant-colonel IKURAKURE avait donné la consigne que personne ne devait toucher au détenu puisqu’il allait venir le récupérer lui-même.
  1. Les proches de la victime ont pu se rendre au cachot de de la zone Cibitoke le 14 décembre 2015. A leur grande surprise, Jean HAKIZIMANA n’était plus dans ce cachot. Selon les confidences reçues d’un policier posté à la zone Cibitoke, Jean HAKIZIMANA aurait été sorti du cachot la nuit du 11 au 12 décembre 2015 et conduit par le Lieutenant-colonel Darius IKURAKURE vers une destination jusqu’ici inconnue. Le FOCODE a demandé aux proches de la victime pourquoi ils avaient attendu 2 jours avant d’aller chercher Jean au cachot de Cibitoke, ils ont répondu qu’ils avaient peur après les événements des 11-12 décembre 2015. Ses proches pensent que Jean HAKIZIMANA aurait été arrêté dans un état d’ébriété et que comme d’habitude il était en train de déambuler dans les rues et qu’il n’aurait pas hésité à échanger des mots violents avec ceux qui l’ont arrêté. Malheureusement, aucune autorité ne veut éclairer sur les circonstances de cette arrestation ni sur le sort réservé à la victime. Trois ans après, Jean HAKIZIMANA reste introuvable.

D. Disparition de Monsieur Longin MANIRAMBONA

 

D.1. Identité de la victime

  1. Fils de Paul BUTOYI et Césarie NTAMAVUKIRO, Longin MANIRAMBONA est né en 1984 sur la colline Mugerera de la commune Mbuye dans la province de Muramvya, au centre du pays. Marié, travailleur domestique à Kabondo en mairie de Bujumbura, Longin MANIRAMBONA a laissé trois enfants au moment de sa disparition.
  1. Sur le plan politique, Longin MANIRAMBONA avait été un militant très actif du Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie, MSD, selon ses proches. Sur pression de sa famille, il aurait abandonné tout activisme politique après l’arrestation de plusieurs membres du parti MSD le 08 mars 2014 ; les siens avaient peur qu’il risquait de perdre la vie à cause de son opposition au régime de Pierre NKURUNZIZA.
  1. Selon ses proches, Longin MANIRAMBONA n’aurait pas participé aux manifestations populaires contre le troisième de Pierre NKURUNZIZA.

D.2. Circonstances de la disparition de Monsieur  Longin MANIRAMBONA

  1. Selon les proches de la victime, Longin MANIRAMBONA a été vu pour la dernière fois sur la Chaussée Prince Louis RWAGASORE, tout près de la Nonciature Apostolique dans la ville de Bujumbura. C’est là qu’il aurait été arrêté par des personnes en tenue de la police à bord d’une voiture aux vitres teintées. Les témoins de la scène auraient reconnu parmi les auteurs de l’arrestation un agent du SNR qui se prénommerait « Jérôme ».
  1. Selon une source du FOCODE, les proches de la victime ont pu contacter cet agent du SNR prénommé « Jérôme » ; ce dernier aurait reconnu l’arrestation de Longin MANIRAMBONA et aurait exigé une somme de cent mille francs burundais (BIF 100.000) pour faciliter la libération de la victime. La famille aurait payé cette somme mais Longin n’a pas été libéré.
  1. Les proches de la victime ont perdu tout espoir de retrouver Longin MANIRAMBONA, compte tenu du contexte du « 1212Massacre » et du fait qu’il avait été arrêté par le redoutable SNR. Comme ils connaissaient l’auteur de l’arrestation, les proches de la victime n’ont même pas tenté de le chercher dans d’autres cachots. Désespérée, la famille de Longin MANIRAMBONA a procédé aux cérémonies de levée de deuil quelques mois après la disparition de la victime. Trois ans après, les proches ont peur d’évoquer le cas et n’ont aucun espoir de retrouver Longin.

E. Nécessité d’une enquête indépendante sur le « 1212Massacre »

  1. Au lendemain de l’attaque de certains camps militaires de Bujumbura et de Mujejuru le matin du 11 décembre 2015, plusieurs dizaines de cadavres jonchaient les rues de Musaga, Nyakabiga et Jabe. Quelques corps ont été vus également dans la zone Cibitoke tandis que sept cadavres de présumés rebelles arrêtés la veille à Mujejuru se trouvaient sur la colline Kanyunya de la commune Mukike dans la province de Bujumbura (rural). A part quelques rares exceptions, les familles des victimes n’ont pas été autorisées à enterrer les leurs, la Mairie de Bujumbura a rapidement enlevé les corps et les a enterrés dans des fosses communes à Kanyosha notamment.
  1. Une guerre de chiffres s’est engagée dès le 12 décembre 2015. L’armée avait admis la veille 12 morts au cours des combats, des associations de droits de l’homme ont évoqué entre 150 et 300 victimes, le Maire de la ville de Bujumbura a plus tard admis que ses services avaient enterré 87 corps. Les circonstances de la disparition de Laurent MUKEZAMIHIGO indiquent que plusieurs personnes peuvent avoir été arrêtées sur les routes menant vers Bujumbura et qu’elles auraient également été tuées. Les circonstances de la disparition de Joris NDARIPFANE, de Jean HAKIZIMANA et Longin MANIRAMBONA indiquent à leur tour que des personnes ont continué à se faire arrêter du matin au soir du 11 décembre 2015 dans des endroits diversifiés de la ville de Bujumbura et qu’elles auraient été tuées par la suite. Il est complètement impossible de connaitre le nombre et l’identité de toutes ces victimes ; seule une enquête sérieuse et indépendante peut déterminer le nombre exact des victimes et les circonstances du « 1212Massacre ».
  1. Une enquête indépendante devra notamment clarifier certains faits troublants liés au « 1212Massacre ». Entre autres faits, nous pouvons citer quatre :
  • Sept jeunes présumés rebelles ont été arrêtés au Camp Mujejuru dans la matinée du 11 décembre 2015 et ont été détenus au cachot de la police au centre d’Ijenda dans la commune Mugongo-Manga. Dans la matinée du 12 décembre 2015, les cadavres des sept jeunes se trouvaient sur la colline Kanyunya de la commune Mukike ; le Major Marius GAHOMERA les aurait retirés du cachot de la police dans la soirée de la veille. Le Major GAHOMERA n’a jamais été jugé sur ce crime d’exécution extrajudiciaire.
  • Un étudiant de l’Institut des Cadres Militaires (ISCAM), le sous-lieutenant Hermès NDUWINGOMA, a été arrêté dans la journée du 11 décembre 2015 alors qu’il se rendait à l’hôpital : il avait été blessé le matin à la suite de l’attaque de l’ISCAM par un groupe non identifié. Le Sous-lieutenant ainsi que son collègue qui l’accompagnait auraient été arrêtés par des éléments du SNR. Curieusement, le lendemain matin (le 12 décembre 2015), le cadavre du Sous-lieutenant Hermès NDUWINGOMA se trouvait parmi les cadavres retrouvés dans les rues de NYAKABIGA. Enterré à la va-vite avec les autres cadavres, le cadavre en décomposition du Sous-lieutenant NDUWINGOMA a été retrouvé trois semaines plus tard dans la morgue de l’Hôpital roi Khaled de Bujumbura après des réclamations pressantes de la famille de la victime auprès de la direction de l’ISCAM[12]. L’enquête devra clarifier le sort du Sous-lieutenant NDUWINGOMA et tout ce parcours de son cadavre.
  • Plusieurs sources ont indiqué que les membres de la famille du 1er Vice-président de la République Gaston SINDIMWO résidant à Nyakabiga auraient été mis en sécurité dans la soirée du 10 décembre 2015. Ils auraient été déplacés au Lycée Scheppers de Nyakabiga. Si les faits se confirment, cela signifierait que les autorités burundaises savaient que Nyakabiga allait être attaqué le lendemain et qu’elles connaissaient déjà les lieux de Nyakabiga qui allaient être attaqués et ceux qui allaient être épargnés. Cela est d’autant plus intéressant qu’aucun camp militaire ne se trouve à Nyakabiga, pour dire que ce ne sont pas les rebelles qui allaient attaquer Nyakabiga. Une clarification s’impose sur ces faits aussi.
  • Plusieurs femme et filles résidentes des quartiers dits « contestataires » auraient révélé, sous des garanties d’anonymat, avoir subi des violences sexuelles de la part des éléments des services de sécurité et des miliciens Imbonerakure. Les autorités burundaises, sans aucune enquête, ont catégoriquement rejeté ces allégations. Bien plus grave, des messages de haine ethnique accompagnaient toutes les exactions des 11-12 décembre 2015. Une enquête sérieuse et indépendante s’impose sur tous ces aspects.

N.B. : Le FOCODE avise ceux qui voudront utiliser d’une manière ou d’une autre les données de cette enquête qu’une partie d’informations a été gardée confidentielle afin de tenter de protéger les sources ou de préserver l’intégrité des différentes preuves qui pourront être utiles aux instances judiciaires ou autres qui pourront traiter le dossier. Ces informations pourront être livrées, sur requête, à tout organe d’enquête jugé indépendant ou toute autre source jugée appropriée à recevoir de telles informations.

F. Prise de position du FOCODE et recommandations.

  1. Le FOCODE condamne la disparition forcée du juge Laurent MUKEZAMIHIGO ainsi le silence des autorités burundaises sur ce crime grave et demande une enquête indépendante sur l’arrestation suivie de disparition forcée du juge Laurent MUKEZAMIHIGO et de toute autre personne qui aurait été arrêtée dans les mêmes conditions sur la route Bujumbura-Bugarama ;
  2. Le FOCODE condamne la disparition forcée de Monsieur Joris NDARIPFANE après son arrestation au camp militaire de Ngagara le matin du 11 décembre 2015 et demande une enquête indépendante sur cette disparition forcée ainsi que sur le sort de toutes les personnes arrêtées dans les camps militaires attaqués le 11 décembre 2015 ;
  3. Le FOCODE condamne la disparition forcée de Messieurs Jean HAKIZIMANA et Longin MANIRAMBONA après leur arrestation par des services de sécurité du Burundi le 11 décembre 2015 et demande la traduction en justice des auteurs ;
  4. Le FOCODE condamne la persistance des lieux secrets de détention des citoyens, lesquels lieux sont gérés dans la plupart des cas par des cadres et des officiers des services de sécurité, en dehors de toute forme d’observation indépendante ;
  5. Le FOCODE demande une enquête indépendante sur le rôle du Commissaire Ayubu SINDAYIGAYA dans la disparition forcée du juge Laurent MUKEZAMIHIGO ainsi que sur les nombreux cas de violations graves de droits de l’homme dans lesquels son nom a été cité[13];
  6. Le FOCODE demande une enquête indépendante sur le rôle de chaque personne citée dans la disparition forcée de Joris NDARIPFANE et particulièrement sur le rôle de Monsieur Alexis NDAYIKENGURUKIYE alias « NKOROKA » ainsi qu’une enquête globale sur les nombreux crimes de sang dans lesquels le nom de NKOROKA est cité[14];
  7. Le FOCODE demande une enquête indépendante et globale sur tous les crimes liés aux événements des 11-12 décembre 2015 communément appelés « 1212Massacre » ainsi que la traduction en justice de leurs auteurs ;
  8. Le FOCODE réitère sa demande à la Cour Pénale Internationale d’accorder une attention particulière aux crimes liés au « 1212Massacre » et d’enquêter profondément sur le phénomène des disparitions forcées devenu récurrent au Burundi et l’engagement des poursuites contre leurs auteurs présumés.

[1] Puissance pour l’Autodéfense (PA-Amasekanya) est une organisation dirigée par l’Ingénieur Diomède RUTAMUCERO qui milite pour la protection des minorités et contre le génocide des Tutsi

[2] Bugarama est une localité à la jonction des routes Bujumbura-Ngozi et Bujumbura-Gitega. C’est un coin extrêmement important et stratégique où passent la quasi-totalité des passagers se rendant de Bujumbura vers les provinces du Nord, du centre et de l’est du Burundi ; de même que ceux qui viennent de ces provinces et se rendent à Bujumbura. Une position de la police et des barrières de contrôle y sont installées. Des éléments du SNR et des miliciens Imbonerakure opèrent également sur ces barrières pour traquer les opposants au régime de Pierre NKURUNZIZA.

[3] Ces premières alertes contenaient quelques erreurs, notamment sur le lieu de travail de la victime.

[4] Avant d’occuper son poste actuel, Alexis NDAYIKENGURUKIYE était responsable du SNR en Mairie de Bujumbura.

[5] https://twitter.com/TEDDYMAZINA/status/675649230892097536?s=19

[6] https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1524373044547803&id=100009253659534

[7] Le SNR dépend directement du Président e la République

[8] Pierre NKURUNZIZA a l’habitude d’organiser à la fin de l’année une émission qui passe simultanément sur plusieurs stations de radio burundaises, émission au cours de laquelle des journalistes et des citoyens peuvent lui adresser directement des questions sur divers sujets de la vie nationale.

[9] Cette vaste opération de transfert des détenus des cachots du SNR à la prison centrale de Mpimba était organisée à la veille d’une visite des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU à Bujumbura.

[10] https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=933443076705311&id=100001188821629

[11] Un quartier e Bujumbura

[12] Après avoir vu les photos du cadavre du Sous-lieutenant NDUWINGOMA sur les réseaux sociaux, sa famille l’a cherché dans les morgues des hôpitaux de Bujumbura mais en vain. Elle s’est ensuite adressée à la direction de l’ISCAM qui a promis de tout faire pour retrouver le corps. La promesse n’a pas été tenue mais le soir du 18 décembre 2015, le cadavre en décomposition a été déposé à la morgue de l’Hôpital Roi Khaled de Bujumbura. Le cadavre a été reconnu et identifié par des étudiants de la Faculté de médecine de l’Université du Burundi.

[13] Le Commissaire Ayubu Sindayigaya a été notamment cité dans l’assassinat de trois sœurs italiennes le 7 septembre 2014 à Kamenge, dans l’assassinat de Jean-Nepomuscène Komezamahoro considéré comme la première victime des manifestations contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza le 26 avril 2015 et dans d’autres cas

[14] NKOROKA a été cité dans de nombreux crimes dans le cadre de ses responsabilités successives comme chef du SNR en mairie de Bujumbura et chef du service de la sécurité intérieure au sein du SNR. Il serait notamment responsable de tous les cachots secrets.